VIH : les pistes de la Cour des comptes pour renforcer la lutte contre l’épidémie
Comme le souligne la Cour des Comptes dans la synthèse de son rapport consacré à "la prévention et la prise en charge du VIH", publié le 9 juillet, les constats épidémiologiques ont peu changé ces dernières années et "l’épidémie est toujours active". Ce texte demandé par la commission des Affaires sociales du Sénat, rappelle ainsi qu’en 2016, 172 700 personnes vivaient avec le virus en France, dont 141 275 étaient prises en charge. Cela fait donc encore 31 425 personnes contaminées qui sont éloignées de toute prise en charge, dont 24 000 ignorent leur statut. Cette "épidémie cachée" serait responsable de 60% des nouvelles infections, affirment les auteurs de ce texte, dont la rapporteure au Sénat est Corinne Imbert (Charente - Maritime, rattachée Les Républicains). En conséquence, les nouvelles contaminations ne baissent pas depuis 10 ans, estimées à 6 424 en 2017, dont près d’un tiers à un stade avancé et 15 % au stade du Sida. Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes représentent près de 44 % des nouvelles découvertes en 2016. Les migrants originaires d’Afrique subsaharienne sont aussi particulièrement concernés. Sur le plan géographique, la région parisienne et la Guyane, sont les plus touchés suivi par la région Provence-Alpes Côte d’Azur.
Le poids sanitaire de l’infection au VIH reste donc lourd, auquel s’ajoute un poids financier, que la Cour des comptes évalue à 1,6 milliard d’euros en 2016, dont 1,5 pour l’Assurance maladie. Dans ce contexte de stagnation, pourra-t-on atteindre les objectifs nationaux et internationaux ? La France s’est en effet positionnée de façon encore plus ambitieuse que l’Onusida, en fixant à 95% (90 pour l’Onusida), le triple objectif du taux de personnes vivant avec le VIH connaissant leur statut, de personnes infectées dépistées recevant un traitement antirétroviral, et de personnes traitées ayant une charge virale indétectable. Pour la Cour des comptes, "le premier objectif n’est manifestement pas atteint (avec un taux de l’ordre de 85 %), la situation du deuxième objectif est ambiguë, et le troisième objectif semble atteint". PrEP : primo-prescription pour les médecins de ville La question du dépistage et de la prévention reste donc majeure. "Pour atteindre les objectifs ambitieux qui sont fixés, la politique de prévention doit être repensée et amplifiée, en particulier auprès des jeunes", affirment les auteurs du rapport. Pour cela, il apparait donc nécessaire de diffuser plus largement les traitements préventifs et prophylaxie préexposition (PrEP). La commission des Affaires sociales propose d’étendre la primo-prescription de la PrEP aux mineurs, et d’autoriser la médecine de ville et la médecine scolaire et universitaire à la prescrire. De même, les médecins de ville et les officines pourraient délivrer les premières prises du traitement post-exposition (TPE) La télémédecine pourrait aussi être mise à contribution, notamment au niveau des centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic et des centres et associations habilités pour la délivrance de la PrEP et du TPE. Rembourser les sérologies sans prescriptions médicale Les auteurs du rapport souhaitent par ailleurs renforcer le dépistage, qui "reste encore lacunaire et ne représente que 10 % des dépenses consacrées au VIH en 2016". Ainsi, malgré des recommandations prônant un dépistage, en population générale, au moins une fois dans la vie, et régulier pour les populations à risques, "il n’y a eu en 2017 que 5,6 millions de sérologies réalisées, 55 770 tests rapides d’orientation diagnostique et 73 000 autotests vendus", précisent les auteurs. Ils proposent donc d’autoriser le remboursement par l’assurance maladie des sérologies en laboratoire de ville sans prescription médicale, et de faciliter la diffusion des autotests et des Trod en officines et dans les centres, associations et service de santé scolaire et universitaire, en favorisant leur gratuité. Un dépistage opportuniste doit aussi être envisagé en population générale. Dans cette idée, la commission des Affaires sociales propose une alerte "dépistage" tous les 5 ans via le dossier médical partagé et l’espace numérique de santé pour tous, et d’expérimenter la notification anonyme et gratuite des partenaires de personnes positives à la recherche d’une infection sexuellement transmissible, sur le modèle québécois. Elle se montre aussi en faveur de l’expérimentation d’un "pass santé sexuelle" pour les jeunes de moins de 25 ans et les populations à risque ouvrant droit à un accès gratuit et permanent aux préservatifs et outils de dépistage. Faire baisser le prix des antirétroviraux Enfin, pour garantir une prise en charge efficace, il faut mettre en œuvre "un plan ambitieux de baisse des prix des antirétroviraux" en réévaluant l’ensemble des traitements de cette classe, et en augmentant la part des génériques. La recherche doit aussi être encouragée.
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