Appel à un plan national pour les maladies rénales
La maladie rénale chronique (MRC) est très fréquente, puisqu’elle touche 5 millions de personnes en France, dont 90 000 sont déjà au stade de défaillance rénale. Pourtant, cette pathologie "demeure encore absente des programmes et sujets prioritaires de santé des décideurs publics", constate le groupe T-Rein, un groupe d’experts dédié à cette pathologie, créé au sein du think tank Université du Changement en médecine-UC2m.
Ce groupe a mené depuis un an, avec la fédération Reinomed, un travail sur le sujet de la prévention et de la prise en charge de la MRC. Et ils viennent de publier une note de recommandations à destination des pouvoirs publics.
En effet, comme le rappelle le Pr Luc Frimat, néphrologue (CHU de Nancy), "la maladie rénale chronique est une maladie très grave, qui engendre des souffrances significatives, avec une réduction de l’espérance de vie en moyenne de 10 à 15 ans". Elle a des répercussions importantes sur la qualité de vie avec des hospitalisations fréquentes et des traitements contraignants, tels que la dialyse. Et le vieillissement de la population constitue un autre facteur majeur pour l’avenir de cette pathologie. "Avec l’augmentation des maladies chroniques (diabète, maladies cardiovasculaires, hypertension, obésité), le nombre de patients à risque de développer une maladie rénale chronique augmente également. Il est donc primordial de faire de la prévention et un suivi régulier de ces patients", souligne le Dr Jacques Battistoni, médecin généraliste, ex-président de MG France.
C’est pourquoi, les professionnels du groupe T-Rein appellent à faire de la maladie rénale chronique une cause nationale. Ils prônent la mise en place d’un Plan national maladie rénale, à l’image du Plan cancer, contenant des actions concrètes dans les domaines de la prévention, la prise en charge précoce et la prise en charge des traitements de suppléance (dialyse et greffe). "Ce plan est essentiel pour assurer la complémentarité entre les professionnels de santé, la continuité des soins et de l’information des patients, la réduction des inégalités et l’amélioration de l’accès aux soins, au dépistage et aux traitements", insiste le Pr Maurice Laville, néphrologue, président de Reinomed.
Selon les experts, "en mettant la MRC au cœur des priorités de santé publique, la France pourrait non seulement améliorer l’espérance et la qualité de vie des patients, mais également optimiser les coûts de santé liés à la prise en charge de cette maladie chronique complexe", résument-ils dans un communiqué de presse.
Les objectifs de ce plan concerneraient ainsi le dépistage (standardisation des résultats de biologie), une meilleure information de la population sur les facteurs de risque (alimentaires, toxiques, médicamenteux), la prévention dès les stades précoces pour retarder/voire éviter la suppléance rénale, ainsi que la prise en charge globale du patient en tenant compte de sa fragilité physique et psychique, du handicap et de leur impact sur la charge en soins. Les soins de support, en particulier, doivent être mieux pris en charge.
La coordination des soins doit aussi être renforcée, entre les professionnels des soins primaires, prioritairement les généralistes et les IPA, et les néphrologues. Et certaines modalités de soins doivent être développées - comme l’hémodialyse longue nocturne, ou l’hémodialyse quotidienne à domicile - ; et les modes de financements doivent être revus. Les auteurs des recommandations prônent, enfin, un renforcement de l’utilisation des outils digitaux (télésanté, DMP, Mon Espace Santé, plateforme pédagogique, plateforme pour les vacanciers).
Références :
Communiqué du groupe T-Rein/ Reinomed/ Université du Changement en médecine - UC2m
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