Asthme et allergies : comment pollution et changement climatique vont bouleverser l'épidémiologie

04/10/2023 Par C.G.
Pneumologie
[ERS 2023] Les bouleversements de notre environnement forment des menaces croissantes pour la santé respiratoire, avec quelques spécificités liées au sexe.
 

Les pollens et, de façon sous-estimée, les moisissures atmosphériques, favorisent la survenue de manifestations respiratoires allergiques : rhinite et conjonctivite, lorsque ces composés sont piégés dans les voies aériennes supérieures, mais aussi asthme allergique lorsqu’ils pénètrent plus profondément dans les voies aériennes sous l’influence de différents facteurs environnementaux. L’Australie a offert une illustration emblématique de ce risque le 21 novembre 2016 lorsque plusieurs milliers de crises aiguës d’asthme (dont certaines mortelles) ont eu lieu à la suite d’un orage au cours duquel les paramètres de température et d’humidité ont permis la fracture des pollens conduisant les allergènes à pénétrer profondément dans les voies aériennes. « Dans les environnements urbains, la présence moindre de pollens est contrebalancée par une pollution atmosphérique supérieure, dont les effets physiopathologiques sont synergiques », a mis en garde le Pr Adrian Lowe (Parkville, Australie). Si toute la population n’est pas aussi sensible au risque de manifestations respiratoires, son niveau de vulnérabilité devrait toutefois s’accroître globalement sous l’effet du changement climatique : la répartition des pollens et moisissures atmosphériques dépend de la localisation, de la température, de la pluviométrie, du vent et de la saison. « Avec l’augmentation des taux de CO2 et de la température moyenne, la répartition et le calendrier de floraison des essences vont être bouleversés et probablement s’élargir, conduisant les allergènes à circuler plus facilement. Les évènements climatiques intenses conduisant à des inondations vont aussi favoriser les moisissures délétères pour la santé respiratoire », a-t-il prédit.   De l’incidence respiratoire à l’immunité
  Du côté de la pollution atmosphérique, le constat n’est guère plus réjouissant : les particules (PM10 <10µm) qui sont en réalité des agrégats de particules nanométriques, atteignent des taux souvent élevés dans les zones urbaines. Sur le plan toxicologique, 92 % de la population mondiale vivrait dans une zone où la qualité de l’air ne respecte pas les limites seuils fixées par l’OMS. Outre les données épidémiologiques, estimant à 6,5 millions de décès liés annuellement à la pollution atmosphérique, la recherche se penche désormais sur les déterminants étroits de son impact : il est ainsi décrit que l’altération de la fonction pulmonaire et le risque de développer un asthme à l’âge scolaire chez des enfants exposés sont d’autant plus élevés que l’exposition est intense et prolongée. L’exposition foetale aux PM10 semble aussi favoriser le risque d’asthme durant l’enfance. Les études menées avec des particules plus petites (PM 2,5) tendent aux mêmes conclusions. Enfin, des études conduites sur cellules épithéliales humaines suggèrent que l’exposition aux PM10 rendent les cellules permissives à l’infection par le pneumocoque ou le Covid-19. Quoiqu’il en soit, « même de petites différences dans les taux moyens d’exposition ont un impact significatif sur la fonction respiratoire, a insisté le Pr Jonathan Grigg (Londres, Royaume-Uni). Toutes les actions réduisant les taux de particules peuvent être efficaces sur le plan de la santé publique ». Il faut enfin noter que la réponse respiratoire aux polluants atmosphériques présente des spécificités liées au sexe. Outre les facteurs génétiques ou hormonaux, des facteurs liés au genre interviennent : femmes et les enfants dans les pays en développement ou à bas niveau de revenu surexposés à la fumée de feux de bois (chauffage et cuisine), hommes exposés dans le cadre d’une exposition professionnelle dans les pays occidentaux (pompiers). Si la composition de ces fumées est variable selon l’essence des arbres, l’humidité et la température de combustion, le lieu et les autres composés brûlés, les deux sexes ont une expression génique différente face à l’exposition : augmentation de l’inflammation pulmonaire chez les hommes, réduction des défenses chez la femme. Au décours d’une telle exposition, ou chez des patients témoins, la susceptibilité aux infections virales est différente selon le sexe.   Au sommaire de ce dossier : 
-Changement climatique, prise en charge de l'asthme, HTAP… Que retenir du congrès européen de pneumologie
-Asthme et allergies : comment pollution et changement climatique vont bouleverser l'épidémiologie
-Asthme : les recommandations européennes affinent la place de l'association fixe CSI/formotérol à la demande
-Pneumopathies : les bénéfices larges de la vaccination, au-delà du poumon
-Repérer et traiter l'atteinte des petites voies aériennes
-HTAP : le sotatercept ouvre une nouvelle ère thérapeutique

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