Mort inattendue du nourrisson : à la recherche de biomarqueurs
Lancée en mai, l’étude française BIOMINRISK vise à identifier des biomarqueurs, notamment génétiques, dans l’objectif ultime d’évaluer le risque individuel.
En France, entre 250 et 350 enfants âgés d’un mois à un an sont chaque année victimes de mort inattendue du nourrisson (MIN). Certes, la situation s’est fortement améliorée au cours des années 1990 : grâce aux campagnes nationales "Je dors sur le dos" et aux conseils de prévention sur le couchage, le nombre de cas a chuté de 75%. Toutefois, il stagne depuis les années 2000, tandis qu’entre 50% et 70% des cas demeurent inexpliqués.
Selon la Dre Fleur Lorton, du service de pédiatrie générale du CHU de Nantes, "la physiopathologie de la MIN est complexe et mal comprise, en raison de l’étendue et de l’hétérogénéité des facteurs impliqués. L’hypothèse consensuelle est celle du ‘triple risque’, avec la coexistence de facteurs de vulnérabilité intrinsèques [prématurité, maladies cardiaques, certaines maladies génétiques, etc.] et de facteurs extrinsèques, tels qu’un environnement de couchage potentiellement asphyxiant ou la présence d’une infection [ainsi que le tabagisme passif]. Le tout survenant lors d’une période critique du développement, le risque le plus élevé se situant avant l’âge de six mois."
Génétique, neurobiologie, anatomie des voies respiratoires
Afin de mieux comprendre les raisons de la MIN, et de parfaire une prévention encore parcellaire, une étude a été lancée en mai dans 15 centres français, pour une durée de deux ans. Dénommée BIOMINRISK, elle portera sur 250 enfants décédés de MIN et leurs parents, comparés à des témoins (150 couples parents-enfants, 500 nourrissons). Son objectif sera d’identifier des biomarqueurs de vulnérabilité intrinsèque, aspect le plus méconnu du risque global de MIN.
Dans un premier volet, les chercheurs tenteront d’identifier des marqueurs génétiques associés à la MIN, par comparaison cas-témoin des génomes. Dans le deuxième, ils se pencheront sur les biomarqueurs neurobiologiques, en particulier des neuromodulateurs impliqués dans le système de l’éveil, tels que la butyrylcholinestérase, la sérotonine et l’orexine. Enfin, le troisième volet visera à cartographier, par tomodensitométrie, les voies aériennes supérieures du nourrisson, afin d’y déceler d’éventuelles différences anatomiques.
"Au-delà des connaissances apportées à la communauté scientifique, il s’agit de mettre en place de nouvelles mesures de dépistage ciblé et de diagnostic précoce pour les familles déjà touchées par la MIN. Ces nouveaux biomarqueurs seront intégrés à des algorithmes, de manière combinée aux facteurs de risque déjà connus. Il s’agit au final de pouvoir évaluer un risque individualisé de MIN, afin de proposer une prévention personnalisée en population générale, pour tous les nourrissons", conclut Fleur Lorton.
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Références :
Congrès annuel de la Société française de pédiatrie (SFP, Nantes, 15 -17 mai). D’après la présentation de la Dre Fleur Lorton (CHU de Nantes), lors de la session communications orales n°4.
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