Rémission à long terme du diabète de type 2 : objectif Lune ?

26/10/2023 Par Romain Loury
Diabétologie EASD 2023
[EASD 2023] La rémission à long terme est-elle réaliste dans le diabète de type 2 (DT2) ? Au vu de l’étude britannique DiRECT, la réponse est oui : au bout de cinq ans, 13% des participants demeurés dans l’essai se passent désormais d’antidiabétiques. Des résultats positifs, mais qui suscitent des interrogations quant au bien-fondé de la notion de "rémission". 

Mené sur 149 diabétiques (et autant de patients contrôles) de Newcastle et Glasgow, l’essai DiRECT (Diabetes remission clinical trial) visait à évaluer l’efficacité d’une stratégie active de perte de poids, après arrêt des traitements antidiabétiques et antihypertenseurs. Pendant 12 à 20 semaines, les participants n’ont été nourris que par des substituts de repas (environ 850 kcal/jour), avant réintroduction progressive des aliments solides lors des deux à huit semaines suivantes. Au cours des deux premières années, les participants étaient étroitement suivis par leur généraliste, avec retour partiel ou total aux substituts de repas dès qu’ils reprenaient 2 kg. 

Au terme de la première année, les participants ont en moyenne perdu 10 kg, et 46% d’entre eux étaient en rémission, qui était défini par un taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c) inférieur à 6,5% trois mois après arrêt des antidiabétiques. A deux ans, la perte moyenne de poids était de 7,6 kg, le taux de rémission à 36%. Le suivi était ensuite allégé lors de la phase d’extension, à raison d’une consultation trimestrielle avec une infirmière ou un diététicien. 

 

Un objectif réaliste, mais difficile 

Or d'après des résultats à cinq ans présentés au congrès de l’EASD, 13% des participants demeurés dans l’essai (mais seulement 7% de ceux initialement inclus) étaient encore en rémission. Selon le Pr Roy Taylor, professeur de médecine et de métabolisme à l’université de Newcastle et responsable de l’essai, "ces résultats prouvent que la rémission à long terme d’un DT2 est possible. Cela ne signifie pas pour autant que ce soit facile, ni que tout le monde peut y parvenir". 

Au-delà de la perte de poids et du contrôle glycémique, les investigateurs ont noté une nette amélioration de la qualité de vie dès les premières semaines, ainsi qu’une baisse du risque d’infections bactériennes, d’acidocétose, d’insuffisance rénale et de pancréatite aigüe. Huit cas de cancer, pour la plupart liés à l’obésité, ont été observés dans le groupe contrôle, contre un seul dans le groupe d’intervention - un cancer du poumon chez une personne ayant quitté l’essai. 

Dans la foulée de DiRECT, le National health system (NHS) britannique a lancé un programme national de rémission du diabète de type 2. Ouvert aux personnes en surpoids et diagnostiquées d’un DT2 depuis moins de six ans, ses premiers résultats sont encourageants. D'après une analyse à 12 mois, la perte de poids moyenne s’élève à 10,3 kg chez les près de 3 000 premiers participants. 

 

Une rémission "faussement rassurante" ? 

Si Roy Taylor se montre confiant quant à l’efficacité de cette intervention purement comportementale, d’autres sont sceptiques. Selon le Pr Kamlesh Khunti, codirecteur du Centre de recherche sur le diabète de Leicester, le faible nombre de patients demeurés en rémission mais aussi la chute de ce taux dès que le suivi se relâche démontrent les difficultés de cette stratégie en pratique courante. Etendue à l’ensemble des diabétiques, l’intervention pourrait être coûteuse, pour un résultat modeste. 

Elle n’est pas sans risque : moins suivis, les patients étiquetés "en rémission" seraient plus à risque de complications que des diabétiques traités et bien contrôlés. Peu adepte du terme de "rémission", qu’il juge "faussement rassurant", Kamlesh Khunti penche pour celui d’"euglycémie avec ou sans traitements hypoglycémiants". Une notion à laquelle Roy Taylor préfère celle de "post-diabète". 

 

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2 commentaires
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1,5 k points
Débatteur Renommé
Médecine générale
il y a 1 an
Dans le diabète de type 2, seul le patient peut se guérir en modifiant son mode de vie. Il n'y a pas de secret. Soit le médecin est convaincant et le patient intelligent, soit le patient ne veut rien
Photo de profil de Alain Joseph
1,5 k points
Débatteur Renommé
Médecine générale
il y a 1 an
Il faut vraiment s'ennuyer pour faire ce type d'études avec l'aspirine. Je suggère de le faire aussi avec l'ulmaire et le saule. Quant à l'alandronate quand on voit les effets secondaires de ce produi
 
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