Eduquer les sportifs de haut niveau au "bien vieillir"
Contrairement à une idée reçue, les sportifs de haut niveau ont une espérance de vie supérieure à la moyenne, même si des risques spécifiques existent, qui doivent être prévenus et traités précocement.
La pratique du sport de haut niveau accroît de cinq ans la durée de vie, selon une revue de la littérature. Les mécanismes physiologiques à l’œuvre restent à préciser. "Les anciens athlètes olympiques ont un risque moins élevé de pathologies cardiovasculaires et de cancers que leurs compatriotes, mais ont les mêmes risques de pathologies neurologiques et psychiatriques", a rapporté le Dr Jean-Philippe Hager, médecin du sport au centre orthopédique Santy à Lyon et ancien rugbyman, lors de la séance "Médecine des Jeux olympiques et paralympiques" organisée par l’Académie de médecine le 19 juin. "Il est impossible d’établir une balance objective entre les effets positifs du sport de haut niveau et les effets potentiellement délétères des exercices physiques excessifs et/ou des dérives dopantes", a-t-il toutefois ajouté.
Ces effets "potentiellement délétères" comprennent notamment l’arthrose, dont les facteurs étiopathologiques sont le vieillissement, le sexe féminin, la génétique ou l’hérédité, des anomalies métaboliques, la répétition des mouvements et des contraintes, et la pratique de certains sports comme le football. "La pratique d’un sport après certains antécédents traumatiques ou chirurgicaux est arthrogène, a poursuivi le Dr Hager. Les sports d’endurance ne sont pas ou peu arthrogènes. En revanche, les sportifs de haut niveau ont plus de coxarthrose et de gonarthrose. Les sports d’impact ou de contact sont traumatogènes : la prévention, le diagnostic et la prise en charge des commotions sont un enjeu majeur."
Evolution vers le "sport santé"
Cependant, la survenue d’une arthrose ou de douleurs articulaires peut n’avoir qu’un retentissement fonctionnel modéré et un impact limité sur la qualité de vie. "Le médecin a un rôle fondamental : prévention et prise en charge précoce et adaptée des lésions traumatiques ou micro-traumatiques, prévention et dépistage des troubles psychologiques et des conduites addictives plus ou moins festives…" La prévention inclut l’éducation du sportif professionnel à l’idée que le sport "n’est qu’une partie de sa vie et s’arrêtera parfois très vite, en raison d’une blessure". La fin de carrière est une période cruciale : "Certains athlètes deviennent des sportifs de loisir, d’autres se laissent aller (prise de poids, etc.). "
L’évolution vers le "sport santé", adapté à l’état de la personne, permettra de maintenir les bénéfices physiques et psychologiques (lien social, qualité de vie…). Son développement au sein de la population générale constitue d’ailleurs un des axes de la stratégie "Bien vieillir".
Les autres articles du dossier :
- Sportifs de haut niveau : dépister le syndrome de surentraînement
- Cœur d’athlète : des spécificités à connaître
- La prévention, principal traitement des pathologies de surcharge
- L’influence hormonale sur les performances féminines encore largement inexplorée
- Santé mentale : les risques associés au sport de haut niveau
- Un risque accru d’incontinence urinaire d’effort
- Les compléments alimentaires chez les sportifs de haut niveau, indispensable potion magique ou indémodable chimère ?
Références :
D’après une intervention du Dr Jean-Philippe Hager, médecin du sport au centre orthopédique Santy (Lyon), lors de la séance de l’Académie de médecine du 19 juin.
La sélection de la rédaction
Approuvez-vous la nomination du Dr Yannick Neuder à la Santé ?
Paul Fougere
Non
Les médecins ne connaissent pas grand chose à la santé ils sont plus performants en termes de soins... Lire plus