Soins de support oncologiques : mieux connaître, mieux faire connaître

Soins de support oncologiques : mieux connaître, mieux faire connaître

Soins de support oncologiques : mieux connaître, mieux faire connaître

Le programme personnalisé de soins en oncologie intègre dix soins de support : accompagnement psychologique et social, prise en charge de la douleur, nutrition, activité physique adaptée… Or, seule une minorité de patients en bénéficie. L’enjeu est de rendre effectif l’accès à ces soins mais aussi d’étudier l’intérêt de médecines dites "douces".

31/12/2024 Par Muriel Pulicani
Interview Cancérologie
Soins de support oncologiques : mieux connaître, mieux faire connaître

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Egora : Dix soins de support doivent être proposés au patient atteint de cancer. Quels sont leurs effets en termes de santé, de qualité de vie, de tolérance et d’efficacité des traitements, d’espérance de vie ?

Dr Philippe Bergerot : Des études ont clairement montré que, dans le cancer du sein et le cancer digestif, l’activité physique adaptée (APA) permettait de diminuer de 20 % le risque de récidive et augmentait la survie de 15 à 20 %. Aussi, nous nous battons pour le remboursement d’une APA claire, sur prescription. Les conseils nutritionnels sont fondamentaux au cours de la chimiothérapie et de l’hormonothérapie et après. Autre soin : le sevrage tabagique. En effet, le tabac reste une cause extrêmement importante de cancer et limite la guérison. Cependant, moins de 20 % des personnes bénéficient des soins de support de base.

 

Comment expliquer ce faible accès au panier de soins ?

Il y a une méconnaissance de la part des patients et des médecins. Nous essayons d’orienter les patients et d’informer les médecins via, par exemple, des annuaires de soins de support édités par les réseaux de cancérologie. Un autre facteur limitant est la non-gratuité dans certaines structures. Il y a une réflexion autour de soins de support à domicile ou à proximité, par exemple avec des camionnettes pour aller dans les zones isolées. Il n’y a pas que des déserts médicaux, mais aussi des déserts de soins de support.

 

L’institut Curie conduit le programme patient Starter axé sur l’APA et la nutrition. Gustave-Roussy a inauguré la structure MyCare, proposant également hypnothérapie, acupuncture et pratique artistique. Quels sont les bénéfices de ces activités ?

On n’a pas beaucoup de retours, car c’est récent. Il faut travailler sur ce modèle. Nous étudions depuis trois ans les troubles cognitifs, dans le cadre du projet onCogite avec des neuropsychologues bordelais. Nous proposons de l’hypnose dans certains cas et des soins socio-esthétiques, qui ne sont pas simplement du maquillage mais une prise en charge psychologique. Cependant, il est difficile de conduire une étude pour en montrer l’efficacité. De son côté, la Haute Autorité de santé avance sur la méditation pleine conscience. Nous menons une réflexion avec l’Institut national du cancer sur un possible élargissement du panier de soins.

 

La Ligue contre le cancer finance le projet de la Non-Pharmacological Intervention Society visant à établir un référentiel des interventions non médicamenteuses…

Nous avons signé un partenariat sur trois ans. Nous voudrions mettre en place de la recherche-action pour voir le bénéfice d’interventions comme l’hypnose, la méditation, la socio-esthétique. Nous travaillons à la définition d’un « Vidal » de l’APA dans les cancers du sein, de la prostate ou de l’utérus. Nous nous fondons sur des études internationales, notamment nord-américaines. La commission d’orientation stratégique de la recherche de la Ligue va voir s’il faut mener des études complémentaires.

 

Quelles sont les évolutions prévues et souhaitables du panier de soins ?

Il serait souhaitable que l’on puisse intégrer les soins de support dans les soins initiaux. Qu’ils aient la même importance. La prise en charge sociale, jusqu’alors plutôt dirigée vers les patients seuls et/ou socialement défavorisés, doit être mise en place très tôt et pour tout le monde. Le cancer change la vie : perte de salaire, difficultés pour les familles monoparentales…

Nous nous battons pour que les soins de support soient mieux connus, mieux prescrits et mieux organisés. En outre, il faut faire un bilan clair des besoins et se recentrer sur les soins de base. Par exemple, l’art-thérapie est plutôt un soin d’agrément qui permet de lutter contre l’isolement et d’améliorer la qualité de vie. C’est très important, mais cela n’augmente pas l’espérance de vie.

 

Quel pourrait ou devrait être le rôle du médecin généraliste dans l’orientation des patients ?

Le programme personnalisé de soins inclut l’information sur les soins de support, mais les patients sont plus intéressés par le traitement lui-même et les effets secondaires. Aussi, en fin de traitement (programme personnalisé après-cancer), on doit revenir sur les soins de support, ce qui n’est quasiment jamais fait. C’est là que le médecin généraliste pourrait avoir un rôle important. Nous essayons également d’envoyer un compte-rendu au médecin traitant et de mieux organiser la prise en charge. L’objectif est d’avoir une vraie prescription et des soins adaptés.

Le Dr Bergerot déclare n’avoir aucun lien d’intérêts.

Références :

D’après un entretien avec le Dr Philippe Bergerot, cancérologue radiothérapeute, président de la Ligue contre le cancer. 

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Michel Rivoal

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