Attouchements sexuels pour un problème ORL : un généraliste jugé en appel
La première plainte date de janvier 2014. Julie, une patiente de 17 ans, s'était rendue chez le médecin pour traiter un ganglion. Ce dernier lui avait alors demandé de retirer son soutien-gorge pour effectuer une palpation mammaire. Ce premier rendez-vous n'avait pas inquiété la jeune fille. Mais la seconde fois, venue parce qu’elle "mouchait vert", elle n’avait pas compris pourquoi le médecin lui avait redemandé de retirer son soutien-gorge pour palper ses seins. Puis il avait supposé qu’elle "devait aussi avoir mal au ventre", ce à quoi elle avait répondu par la négation. Il lui avait quand même "mis la main dans la culotte", avait témoigné la jeune fille.
Lui lançant un "regard méchant", le médecin avait expliqué qu’il devait vérifier, là aussi, "au-dessus des lèvres". Puis il lui avait "repalpé les seins". La jeune femme lui avait fait remarquer qu’il "n’avait examiné ni son nez, ni ses oreilles", alors qu'elle était venue pour un problème ORL… Une psychologue consultée par la suite avait décelé chez la jeune femme un "choc émotionnel".
Après cette première plainte et la médiatisation de l’affaire, d’autres victimes s’étaient alors manifestées aux autorités et avaient livré des témoignages similaires. Le médecin prétextait sentir un ganglion et effectuait des palpations mammaires "à pleines mains" sur les patientes en les regardant dans les yeux.
Inquiètes par la prétendue existence des ganglions, certaines avaient consulté un spécialiste, qui ne confirmait pas la présence de la moindre grosseur.
Lors de l'audience, l’avocate générale a écarté d'emblée l’argument d’un complot politique pour nuire à cet homme qui "démarrait une nouvelle campagne électorale" au sein de la commune qui avait déjà élu son père, en tant que maire.
Elle a même supposé qu’il ne s’agissait pas d’un "hasard" s’il n’y avait pas de victimes parmi sa fidèle patientèle, mais que "les victimes étaient soit mineures, soit jeunes adultes". Elles avaient en effet en commun d'être soit internes du lycée Joseph-Savina de Tréguier, soit venues le consulter ponctuellement parce qu’il assurait les visites médicales du travail. "Elles sont plus vulnérables : les familles ne sont pas forcément sur place, c’est moins gênant que sur une cliente habituelle qu’il espère fidéliser", avait plaidé l'avocate générale.
L’avocate générale a demandé à la cour d’appel de Rennes de confirmer le jugement initial, malgré les affirmations d'innocence du généraliste. Après avoir traité certaines plaignantes de "menteuses", le généraliste de 70 ans s'est justifié : "Je suis un vieux médecin maladroit mais je ne suis pas un agresseur."
La cour d’appel de Rennes, qui a mis sa décision en délibéré, rendra son arrêt au mois de juin.
[Avec actu.fr]
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