"La médecine libérale est devenue la banque d'organes des autres professions"

28/01/2022
Syndicalisme
A l’occasion de ses vœux à la presse, le président de l’UFML-S a fait le point sur les 10 propositions du syndicat en vue des élections présidentielles. Avec un mot d’ordre pour le Dr Jérôme Marty : la défense de la médecine libérale, “oubliée” et “méprisée” par l'exécutif depuis 2017.   

 

C’est l’année ou jamais pour défendre la médecine libérale. Lors d’une conférence de presse organisée ce jeudi 27 janvier, le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S, a présenté ses dix mesures prioritaires pour la médecine libérale de demain. L’occasion, pour le généraliste occitan, de défendre les médecins de ville, “oubliés” à ses yeux depuis 2017.  

Première mesure portée par l’UFML-S, l’organisation d’un “Plan Marshall” de la médecine libérale. “Nous avons besoin d’états généraux pour sa définition et sa mise en œuvre", appuie le Dr Marty. “La médecine libérale a été cannibalisée par des décisions prises sans concertation et elle est devenue la banque d'organes des autres professions”, dénonce-t-il. En organisant ce grand plan, l’UFML-S attend notamment une revalorisation des pratiques de l’exercice à la moyenne européenne et l’ouverture à des honoraires complémentaires basés par exemple sur le temps passé en consultation ou le nombre de motifs pour lequel le patient prend rendez-vous.  

Le syndicat veut également s’attaquer aux ARS et aux URPS. “On a constaté l’échec des ARS au travers de la crise du Covid”, dénonce le Dr Marty qui souhaite donc mettre en place des gouvernements régionaux de santé où les représentants des trois pôles, administratif, soignant et patient, seraient regroupés. “Il s’agit de mettre en valeur la transversalité pour éviter la déconnexion du réel", justifie-t-il en parlant de “vraie démocratie sanitaire".  

Concernant la lutte contre la désertification médicale, le syndicat souhaite que l’aménagement du territoire, le désenclavement économique et numérique, la lutte contre l’isolement géographique et la vitalité des services territoriaux de l’Etat relèvent d’une grande cause nationale. “Il n’y a pas un désert qui ressemble à un autre” relève le Dr Marty, qualifiant cet état de fait de “France puzzle”. Cela pourrait passer, à ses yeux, par un service comme la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (Datar), supprimée en 2014 ou la création de groupements provisoires des ressources régionales.  

Toujours sur le sujet de l’accès aux soins, le Dr Marty plaide pour un assouplissement des pratiques afin de mettre fin au cloisonnement de l’exercice libéral et hospitalier. “On l’a vu avec le Covid : la crise démographique touche les deux secteurs”, a-t-il dit. Il souhaite que les médecins libéraux puissent allouer une partie de leur exercice à l’hôpital ou en zone sous-dense en bénéficiant d’honoraires supplémentaires. D’autre part, il faudrait que les médecins hospitaliers puissent accorder une part de leur exercice à la médecine de ville en zone déficitaire, un moyen d’une rémunération supplémentaire. Pour ce faire, l’UFML propose la création d’un nouveau conventionnement afin que les médecins qui y adhèrent puissent avoir des honoraires libres. En échange, ils devront travailler une journée dans une zone sous-dotée, dans un hôpital, un Samu, pour une garde. L’UFML-S demande aussi, dans ce cadre, un remboursement à 200 ou 300% du tarif de la Sécu pour les patients des médecins acceptant ce conventionnement.  

En parallèle, le syndicat propose la création de “Pulsar”, plateau d'urgences libérales et de soins ambulatoires de relais pour les zones enclavées où la perte de chance pour les patients est importante. En pratique, il s’agira de sortes d’urgences libérales équipées (avec IRM, scanner, plateau de biologie…) en lien étroit avec les structures hospitalières.  

L’UFML-S inclut dans ses propositions, un point sur les visites à domicile. “On le voit bien, les médecins s’en détournent car c'est trop chronophage, avec une rémunération inadaptée”, pointe le Dr Marty. Il souhaite aussi que les bons de transports soient autorisés pour les patients des médecins libéraux quand ils ne peuvent se déplacer jusqu’au cabinet. La rémunération devra également passer à 100 euros par visite.  

Trois propositions concernent ensuite les études de médecine : sur la réforme du premier cycle, d’abord, surnommée “réforme de la Paces”. “C’est un naufrage", tranche sévèrement le président du syndicat qui appelle à l’abolir, et autorise les candidats aux études de médecine à pouvoir redoubler ainsi qu’à supprimer les oraux et sacraliser l’anonymat dans les examens. Concernant le respect du temps de travail et des conditions d'accueil en stage pour les externes et les internes, le Dr Marty propose la mise en place d’un Contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens entre les directions hospitalo-universitaires et les syndicats étudiants.  

Enfin, les deux dernières propositions concernant l'installation et la pénurie de médecins dans les territoires. Le syndicat propose la défiscalisation totale de l’exercice effectué en tant que retraité actif dans les zones déficitaires d’une part, et l’abolition de la médecine foraine d’autre part. Cette abolition devrait permettre de créer un “bloc médical itinérant”, des “structures mobiles à mi-chemin entre le cabinet et la structure hospitalière avec personnels soignants, plateau d’imagerie et de biologie, en lien numérique avec les structures hospitalières”.  

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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