"La campagne présidentielle est un temps de la vie démocratique de ce pays et, bien entendu, pour le système de santé. On ne peut pas rater ce moment-là", a déclaré d’emblée le président du syndicat MG France, le Dr Jacques Battistoni, lors d’une conférence de presse, ce jeudi 20 janvier. Le premier syndicat de généralistes y voit là l’opportunité de "valoriser et renforcer la place des soins primaires dans ce pays". Pour cela, MG France a formulé 20 recommandations destinées aux candidats de tous bords pour les "éclairer", "les aider à formuler leur programme santé". "Les 10 propositions qu’on formulait il y a dix ans ont pratiquement toutes été reprises", a fait valoir le Dr Battistoni. La priorité ultime du syndicat est d’améliorer l’accès aux soins des Français. "On est parfaitement conscients de la demande de la population qui s’exprime de façon multiformes et extrêmement fréquentes, notamment dans des émissions de télévision ou dans la presse quotidienne régionale, et qui demande à avoir accès à un médecin, et notamment un médecin traitant." Les médecins généralistes, constamment sollicités, sont également les "victimes" de ces problèmes d’accès aux soins, souligne le Dr Battistoni. MG France n’oublie pas que l’enjeu est également l’avenir de la profession à travers la prochaine convention médicale, en 2023. "Avant même de négocier avec l’Assurance maladie, il faut que l’on s’assure que le prochain Gouvernement, le prochain Président – quel qu’il soit – soient convaincus de la nécessité de faire une convention médicale qui donne à la médecine générale et aux généralistes, les moyens d’exercer et de travailler, qui permette de rendre notre exercice durablement attractif et, en même temps, nous permette de répondre à ce défi de l’accès aux soins." Renforcer l’offre de soins sur les territoires Fustigeant "un certain nombre de propositions de loi parlementaires" qui ont "donné à l’émission Cash Investigation", le président du syndicat avance que pour garantir un médecin traitant pour tous les Français, il est nécessaire de "soutenir les généralistes dont l’exercice est mis en difficultés par le départ de leurs collègues plutôt qu’imposer d’inefficaces contraintes aux jeunes médecins". "Il faut d’abord renforcer l’offre de soins sur les territoires", avance le Dr Battistoni, qui plaide notamment pour le salariat de collaborateurs autour du médecin (assistants médicaux, IPA, IDSP Asalée…). Une équipe qui lui permettra de gagner du temps médical et de "prendre en charge plus de patients". Près d’un demi-million de Français ont trouvé un médecin traitant grâce aux assistants médicaux, avance le syndicat.
MG France appelle également à mettre en place sur les territoires "un vrai partenariat entre les élus locaux et les médecins généralistes", notamment pour la recherche de locaux capables d’accueillir des équipes de soins primaires. "Trop souvent, on voit des initiatives dissociées […] avec des élus qui ne prennent pas contact avec les médecins sur les territoires ni avec les autres professionnels de santé", déplore le Dr Battistoni. "Il faut qu’on arrête avec une espèce de surenchère qui fait qu’on essaie d’attirer les patients plutôt là que là à coup de publicités en disant : ‘Regardez, ma commune est plus belle que celle du voisin’." Selon le généraliste de Ifs (Calvados), le problème de l’accès aux soins doit se régler au niveau d’un bassin de vie. Coopération avec les pharmaciens "C’est dans le cadre du contrat conventionnel, entre l’Assurance maladie et les professionnels de santé que se mettent en place les organisation", martèle le Dr Battistoni, alors que les propositions fusent et court-circuitent les accords interprofessionnels. "Il faut cesser de demander à la loi d’organiser les soins, ce sont les professionnels entre eux qui doivent le faire." Et notamment les médecins et pharmaciens. "Nous appelons de nos vœux à des accords bilatéraux qui mettent en place, dans un cadre conventionnel, une coopération intelligente entre médecins généralistes et pharmaciens." MG France souhaite également la signature d’accord avec les IDEL et IPA. "Nous sommes les plus à même de savoir dans un dialogue, dans une négociation, comment on va s’organiser." Cette prochaine convention, que MG France souhaite "ambitieuse", devra mettre en évidence le rôle du médecin généraliste dans la santé publique, et devra faire évoluer la Rosp pour qu’elle devienne un "véritable forfait santé publique", précise le Dr Battistoni. "Nous sommes des observateurs privilégiés. Nous ne pouvons pas rester inertes face à des maladies qui se répètent", a-t-il ajouté, indiquant que le rôle dans la prévention, dans la lutte contre les principales maladies (malbouffe, addictions, santé environnementale, sédentarité…), du généraliste était indispensable. Le syndicat, qui souhaite des augmentations des actes et forfaits, prévient : il faudra "des milliards pour faire bouger les lignes". Enfin, le syndicat appelle les candidats à investir sur la formation des généralistes. "La proportion de médecins généralistes par rapport à l’ensemble des étudiants en médecine ne cesse de diminuer", déplore le Dr Battistoni. "On est arrivé à moins de 40% de généralistes par rapport au total. Si on veut avoir un système bien organisé, il faut revenir vers environ 50% de médecins généralistes par rapport à l’ensemble." Par ailleurs, sur 100.000 généralistes, seulement 50.000 sont aujourd’hui médecins traitants. Au-delà des maîtres de stage, il faut absolument augmenter le nombre d’enseignants en médecine générale. "On devrait en avoir 1 pour 10 étudiants, mais on en a 1 pour 83. Depuis des années, rien ne bouge." MG France soutient également la création d’une 4e année professionnalisante "pour renforcer l’offre de soins dans certains territoires autour d’un véritable projet professionnel des étudiants". Ces 20 recommandations ont d’ores et déjà été envoyées aux candidats à l’élection présidentielle, indique le syndicat. Les équipes du syndicat iront également à la rencontre des candidats à l’élection législative, dont beaucoup font des propositions qui vont à l’encontre de celles souhaitées par MG France. En parallèle, il a lancé une pétition que les médecins généralistes sont invités à faire signer à leurs patients pour rendre la médecine générale de nouveau attractive.
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