Un mois après son ouverture, la vaccination des enfants de 5 à 11 ans demeure minoritaire, alerte ce mardi le ministère de la Santé lors de son point presse hebdomadaire dédié au suivi de la campagne. Au 22 janvier, seulement 216.000 enfants de cette tranche d’âge avaient reçu au moins une première dose de vaccin pédiatrique Pfizer, soit 3,8% des éligibles, indique le ministère. Concernant les enfants atteints de pathologies, le ministère déplore un important "retard". Au 9 janvier, selon les chiffres de l’Assurance maladie, seuls 2,8% des enfants concernés sont vaccinés. "C’est trop faible." "On ne peut pas dire que ce soit un grand succès", a regretté le Monsieur Vaccin du Gouvernement, le Pr Alain Fischer, qui intervenait lors de ce point presse. "C’est vraiment dommage." Ce dernier l’assure pourtant : la vaccination des enfants est "efficace, pertinente et sûre". Alors que le nombre de contaminations quotidiennes ne cesse d’augmenter avec le variant Omicron, le vaccin confère aux enfants un "bénéfice individuel" : il les protège des formes graves. "Chez les ados, la vaccination prévient les rares formes graves", en particulier le syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique (60 pour 1 million d’enfants, notamment chez les 3-11 ans). "Des données américaines montrent qu’il y a un peu moins d’hospitalisations d’enfants âgés de moins de 5 ans avec Omicron qu’avec Delta mais il y en a quand même. Le risque persiste, indique le Pr Fischer. Il est donc légitime d’entreprendre cette vaccination." Selon l’immunologue, le vaccin peut également prévenir des "possibles Covid longs qui peuvent survenir chez les enfants", et éviter les possibles décrochages scolaires. Par ailleurs, afin de rassurer les parents, le président du COSV note qu’aux Etats-Unis, "sur 8 millions d’enfants" vaccinés, seulement "14 cas de myocardites" ont été recensés. Ce dernier s’inquiète par ailleurs pour les 350.000 enfants "fragiles" parmi les 5,8 millions d’éligibles, lançant un appel aux généralistes et pédiatres pour "entreprendre au plus vite" la vaccination de ces enfants "qui ont un risque significativement plus élevé que les autres enfants, même s’il n’est pas très élevé". Les pharmaciens autorisés à vacciner les enfants Pour augmenter significativement le nombre d’enfants vaccinés, le ministère a pris la décision de ne réclamer que l’accord d’un des deux parents, comme cela était prévu au lancement de cette campagne, le 5 décembre. Le 6 janvier, pour se conformer à l’avis du Conseil d’Etat, l’exécutif avait décidé de rendre obligatoire l’accord des deux titulaires de l’autorité parentale. Une décision qu’avait alors regrettée le Pr Alain Fischer, craignant qu’elle "dramatise" la vaccination. Un DGS-Urgent doit être envoyé aux professionnels de santé pour les en informer. En parallèle, le ministère annonce l’ouverture de liste des effecteurs de la vaccination pédiatrique. Alors que les médecins étaient les seuls autorisés jusqu’à présent à administrer le vaccin aux enfants de 5 à 11 ans, désormais, les pharmaciens, sages-femmes ou encore infirmières pourront le faire. Une décision prise à la suite d’un avis favorable du COSV. Ces derniers peuvent d’ailleurs commander des flacons depuis hier sur le portail de commandes. En parallèle, pour faire face à pénurie d’effecteurs en vaccination, la liste des effecteurs a été ouverte (dentistes, étudiants de 2e cycle de médecine, pharmacie, maïeutique, sapeurs-pompiers…). Ils peuvent administrer une dose sous la supervision d’un médecin, mais ne peuvent cependant pas le prescrire. Par ailleurs, si à ce jour 635 centres ont ouvert des lignes pédiatriques, le ministère veut que 90% de ces structures proposent la vaccination aux enfants le plus rapidement possible. Le rappel a également été ouvert ce lundi 24 janvier à tous les adolescents de 12 à 17 ans. Jusqu’ici seuls ceux qui sont immunodéprimés pouvaient recevoir leur rappel. Tous peuvent désormais le recevoir s’ils le souhaitent, six mois "après la complétude de leur schéma de primo-vaccination". "Le rationnel derrière l’espacement de six mois s’explique par une décroissance plus lente des anticorps vaccinaux chez les adolescents par rapport à ce que l’on constate chez les adultes", explique-t-on au ministère. La prise de rendez-vous pour les plus de 500.000 ados éligibles a été ouverte samedi. "Aucune restriction à la vaccination des femmes enceintes" Le Pr Alain a également regretté, lors du point presse, que les femmes enceintes soient moins vaccinées que les autres femmes. "Il y beaucoup de bruits qui circulent, y compris provenant d’hommes politiques, pour dire qu’il ne faut pas vacciner les femmes enceintes, ce qui est une grave erreur", a-t-il jugé. "La vaccination est sûre. Un très grand nombre d’études scientifiques publiées montrent qu’une femme enceinte vaccinée, quel que soit le terme, ne souffre absolument pas de cette vaccination. Il n’y a pas d’effets indésirables décrits significatifs, pas d’excès de prématurité, pas de malformation, aucune complication de la grossesse", a-t-il soutenu. "Par contre, le Covid dans le contexte de la grossesse, en particulier dans le dernier mois de la grossesse, peut provoquer diverses pathologies, chez des femmes à risque mais aussi en parfaite bonne santé." Ce dernier décrit des complications sévères pour la mère (pneumonie) et pour le fœtus (excès de décès in utero, de retards de croissance, de prématurité). Il a de fait appelé les femmes enceintes à faire le choix de la vaccination. "On peut commencer la vaccination en cours de grossesse, la compléter par un rappel en cours de grossesse… Il n’y a aucune restriction", a-t-il assuré. Le Pr Fischer rapporte par ailleurs qu’une étude écossaise, publiée dans Nature Medicine, montre que "la quasi-totalité des cas d’hospitalisation, de séjours en réanimation et de décès de femmes sont survenus chez des femmes non vaccinés". Il ajoute que, dans cette étude de grande ampleur, "parmi les quelques décès d’enfants : tous sont survenus après des grossesses de femmes non vaccinées". A ce jour, en France, "1090 enfants (jusqu’à 19 ans) sont hospitalisés", indique le Pr Fischer. "Beaucoup sont des nouveaux nés".
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