La députée LREM du Bas-Rhin, Martine Wonner, vient d’être exclue du groupe parlementaire de la majorité pour avoir voté contre le plan de déconfinement présenté par le Gouvernement. Elle défend une liberté de prescrire pour les médecins de ville et ne comprend pas les débats autour de l'hydroxychloroquine, à utiliser urgemment selon elle.
Elle veut que le déconfinement réussisse, et pour cela, elle s’est opposée au plan du Gouvernement, présenté le 28 avril par Edouard Philippe à l’Assemblée nationale. Seule députée de la majorité à avoir voté contre, Martine Wonner, députée LREM du Bas-Rhin et médecin psychiatre dans une structure médico-sociale, a été exclue le 6 mai du groupe parlementaire.
Malgré cela, elle est loin de regretter son vote. “Je me sens toujours dans la majorité. Je pense que c’était ce que voulait Emmanuel Macron en prenant des personnes de la société civile. Moi je suis une élue de terrain, je n’avais jamais fait de politique avant. C’est pour ça que je me permets de prendre ce genre de position”, explique-t-elle.
L'élément déclencheur de sa décision ? Le fait que les médecins de villes ne puissent pas prescrire certains traitements aux patients atteints par le Covid et le débat autour de l’hydroxychloroquine. “Je ne vais pas rentrer dans la polémique Raoult, prévient-elle, ça ne m’intéresse pas, je ne le connais pas. Mais aujourd’hui, on a suffisamment de recul venant de suffisamment d’équipes qu’elles soient chinoises, de Marseille ou notre petite étude du collectif pour avoir une idée de traitement.”
Avant la présentation du plan de déconfinement, la députée a effectivement monté, avec une dizaine de personnes, le collectif “Laissons les médecins prescrire”. “Dire aux patients contaminés de rester chez eux tranquillement avec du paracétamol et attendre qu’ils ne puissent plus respirer pour appeler les secours, ce n’est pas envisageable et entendable au 21e siècle”, s’agace l’élue. Et on a vu à quel point ça avait fait des dégâts depuis le début du confinement.” A ce jour, le collectif regroupe plus de 2.000 personnes.
Pour la députée, les débats autour de la hydroxychloroquine n’ont d’ailleurs pas lieu d’être. “Le Pr Raoult est un grand monsieur de l'infectiologie mais il n’a rien inventé. Il a juste lu ce que les Chinois avaient fait”, justifie-t-elle, en assurant qu’elle partage complètement sa position. “On a un médicament qu’on connaît depuis cinquante ans, qui est utilisé...
au long court par 80.000 Français. C’est un médicament qui n’a que des effets secondaires au long court. A partir du moment où vous écartez toute pathologie cardio-vasculaire, il est vraiment pertinent.”
Une étude sur 88 cas avec de l’hydroxychloroquine
“Laissez les médecins prescrire” a décidé de réaliser une étude sur 88 cas cliniques de Covid. “Mais ce n’était pas le plan au départ”, raconte Martine Wonner. “A la base, on avait 1.000 soignants prêts à prendre de l'hydroxychloroquine/azithromycine ou de l’azithromycine seul alors qu’ils étaient contaminés. Mais on n'a pas eu l’autorisation de faire cette étude à cause des décrets qui ont été pris le 25 et 26 mars, supprimant la possibilité de prescription par les médecins de ville et la réquisition des stocks de plaquenil pour être redistribués dans les pharmacies hospitalières.”
Laissons les médecins prescrire : étude transmise à la Présidencehttps://t.co/WkkF3t68kT#COVID19fr #coronavirus#HydroxyChloroquine+#azithromycine #Deconfinement11Mai #étude
— Laissonslesprescrire (@Laissonslespre1) May 5, 2020
Le collectif a donc examiné 88 dossiers de patients ayant été traités avec de l'azithromycine et d’autres avec de l'hydroxychloroquine/azithromycine. Pour la députée, le résultat est sans appel. “L’étude nous montre un écart statistiquement significatif entre ceux qui n’ont rien eu et ceux qui ont été traités. On n’arrive pas, ni par la médiane, ni par la moyenne à être statistiquement significatifs dans les deux bras : HCQ + ACT ou juste AZT. Mais, dans tous les cas, par rapport à ceux qui n’ont pas été traités, c’est très significatif, sans effets secondaires et une résolution des symptômes très rapide.”
“Si on avait voulu démontrer que l'hydroxychloroquine ne fonctionnait pas, on ne se serait pas débrouillés autrement”
Face aux pressions de certains médecins qui présentaient, ces dernières semaines, des “pistes de traitements” et des “remèdes miracles”, l’Ordre des médecins avait toutefois appelé au calme et mis en garde les praticiens. “Il serait inadmissible dans ce contexte de susciter de faux espoirs de guérison”, écrivait fin avril le Pr Bouet, président du Cnom dans un communiqué. Un point qui agace Martine Wonner. “Mais qu’est-ce qui a été validé ? On attend toujours Discovery ! Ça fait trois semaines qu’on aurait dû avoir les résultats intermédiaires. Tous les essais randomisés, qui ont été proposés depuis les premières publications de l’IHU de Marseille, ont été élaborés...
sur des stratégies qui font que, si on avait voulu démontrer que l'hydroxychloroquine ne fonctionnait pas, on ne se serait pas débrouillés autrement !”
Grâce à son collectif, la médecin et députée assure avoir pu se procurer les données de pharmacovigilance de l’ANSM sur l’hydroxychloroquine. Elle assure que sur trois millions de boîtes vendues sur les trois dernières années, il n’y a eu que deux décès. “Une intoxication médicamenteuse volontaire et l’autre, l'imputabilité à l'hydroxychloroquine n’a jamais pu être démontrée”, affirme-t-elle. Martine Wonner ne comprend donc pas l’interdiction faite aux médecins de pouvoir prescrire de l'hydroxychloroquine.
Contre la prologation de l'état d'urgence sanitaire
“C'est bien la première fois que ça arrive en France, que les médecins généralistes n’aient plus la libre prescription, déplore-t-elle. On leur ôte la responsabilité médicale face à leurs patients. Pour les médecins qui ont la confiance de leurs patients, et inversement, c’est terrible. D’avoir conscience d’une possible aggravation, sans rien pouvoir proposer quelque chose c’est encore plus terrible. Et d’avoir limité, en plus, les prescriptions aux patients en état grave oxygéno-requérant ou en réanimation, c’était très clairement démontrer que l'hydroxychloroquine non seulement ne servait à rien, mais en plus était dangereuse.”
La députée espère donc que tous les soignants, et au-delà, la société civile, puisse correctement être protégée. “On nous dit qu’on aura les tests. J'espère vraiment que ce sera le cas et qu’on tester l'intégralité de leur entourage, des personnes contact depuis plusieurs jours.” Elle s’oppose également à la prolongation de l’état d’urgence sanitaire. “J’ai déposé beaucoup d’amendements sur la prorogation de l’état d’urgence sanitaire parce que je ne suis pas sûre que ce soit nécessaire de limiter les libertés publiques dans ce contexte. Pourquoi ? Parce que moi, il y a un traitement”, affirme-t-elle.
Si elle parle aujourd’hui comme une élue de l’opposition, critiquant, sans mâcher ses mots, la gestion de la crise par le Gouvernement, la députée assure qu’elle va désormais “réfléchir” à son avenir politique. “Je prends acte de la décision. J’aime travailler en équipe et je ne me vois pas être non-inscrite. Il faudra donc que je me rapproche d’un autre groupe politique”, conclut Martine Wonner.
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