Essai clinique "sauvage" : Joyeux et Fourtillan attaquent l'ANSM pour diffamation
Alors qu'ils font l'objet d'une information judiciaire du parquet de Paris et de plaintes déposées par l'Ordre des médecins, les deux professeurs ont décidé de contre-attaquer. Le Fonds Josefa et le Pr Jean-Bernard Fourtillan viennent de citer à comparaître le directeur de l'Inspection de l'Agence nationale de sécurité sanitaire, Bernard Celli, pour ses "propos diffamatoires". Retour sur l'affaire. Le 19 septembre dernier, l'ANSM annonce avoir interdit un essai clinique mené depuis presque un an dans une abbaye poitevine, hors de tout cadre légal, sur plusieurs centaines de patients souffrant de la maladie de Parkinson, d'Alzheimer, de troubles du sommeil ou de dépressions nerveuses. Il s'agissait de tester des patchs transdermiques contenant deux molécules aux "effets inconnus" : les hormones valentonine et 6-méthoxy-harmalan. A la manœuvre, une fondation religieuse nommée Fonds Josefa, créée par le Pr Jean-Bernard Fourtillan, qui revendique la découverte de la valentonine, et le Pr Henri Joyeux.
Pour Bernard Celli, "on est aux confins du charlatanisme" : "la confiance de ces patients a été abusée", déclare-t-il à l'AFP. Des patients qui étaient d'ailleurs "invités" à contribuer aux recherches du Fonds par des "dons" de 1500 euros. Le pôle santé du parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour “abus frauduleux de l'ignorance ou de la faiblesse d'une personne vulnérable”, “tromperie sur la nature, la qualité substantielle ou l'origine d'une prestation de services” et “ouverture d'un établissement pharmaceutique sans autorisation”. Par ailleurs, l'Ordre des médecins poursuit le Pr Fourtillan, pharmacien de profession, pour exercice illégal de la médecine, et l'ensemble des médecins du conseil d'administration du Fonds Josefa, dont le cancérologue Henri Joyeux, pour charlatanisme. Des accusations que le Fonds Josefa rejette en bloc...
"L’ANSM parle d’illégalité, il faudra le démontrer", se défend le Pr Joyeux dans un communiqué diffusé par Familles santé prévention, l'association qu'il a créée. "Chacun pouvait contribuer selon ses moyens. Certains ont donné rien, d’autres 10 € et d’autres encore beaucoup plus. Tous les frais de l’hébergement ont été pris en charge par le fonds Josefa", souligne-t-il. Or, les propos de Bernard Celli "impliquent que [Jean-Bernard Fourtillan et le Fonds Josefa] auraient abusé de la crédulité de malades pour les persuader de suivre un traitement dont les effets seraient illusoires, afin de les engager financièrement", pointe leur avocat dans un communiqué du 25 octobre. "Plus grave, ses propos ont eu pour effet d'oblitérer le caractère scientifique de la découverte du Pr Fourtillan et les effets thérapeutiques des patchs transdermiques que le Fonds qu'il préside a pu distribuer à certains malades de Parkinson et d'Alzheimer qui s'étaient rapprochés de lui pour en bénéficier et qui en ont ressenti les effets immédiats", poursuit Maitre Marc Fribourg.
- Bonjour, vous avez mené un essai illégal, sans respecter les règles éthiques élémentaires, en utilisant des produits non évalués sur des personnes vulnérables. Je souhaiterais que vous arrêtiez
— Jérémy Descoux - Asclépios (@Ascl_Pios) October 28, 2019
- On vous emmerde.
- Pardon ?
- On continue et en + on porte plainte contre vous. pic.twitter.com/X0gzzDRbJK
"Les 40 personnes qui ont eu irrégulièrement des patchs ont pu apprécier la différence de leur mode de vie avec et sans patch et ne cessent d’en réclamer", assure de son côté le Pr Joyeux. L'histoire ne dit pas si les professeurs sont allés jusqu'à poursuivre Agnès Buzyn, qui avait dénoncé "un vrai scandale" : "Ces personnes ont été victimes de fausses informations", s'était indignée la ministre de la Santé.
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