Transes, exorcisme, prières de guérison… Prison requise contre l'urgentiste accusé d'être un gourou

22/05/2019 Par Aveline Marques
Faits divers / Justice
Un médecin urgentiste de 31 ans est jugé depuis mardi à Caen (Calvados) pour dérives sectaires. Créateur de l'association Notre-Dame de la Lumière, il est accusé d'abus de faiblesse par sujétion psychologique sur une dizaine de personnes.

L'expert le décrit comme un leader "inaccessible, narcissique, manipulateur", marqué par un "sentiment de toute puissance d'inspiration spirituelle". Le jeune médecin urgentiste qui comparait en ce moment devant le tribunal correctionnel de Caen aurait exercé une emprise mentale sur une dizaines personnes, membres de l'association Notre-Dame de la Lumière, qu'il a créée. Une association, tournée vers les jeunes, inscrite dans le mouvement du renouveau charismatique : aux traditionnelles maraudes aux SDF, s'ajoutent des concerts "pop-louange" et des soirées marquées par des expériences mystiques : transe, convulsions, prières de guérison, voire exorcismes. Mais c'est le quotidien des membres de l'association, avec laquelle l'évêque a pris ses distances, qui inquiète. Vivant en communauté dans deux maisons différentes (l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes), les adeptes se doivent d'être chastes, de se couper des réseaux sociaux, voire de leur famille. "J’ai d’abord arrêté de travailler pour me consacrer à la communauté, raconte une ancienne adepte à la barre. Puis peu à peu j’ai dû m’habiller différemment : je n’ai plus mis de jupes. Et quand j’ai commencé à émettre des doutes sur le fonctionnement du groupe, ils m’ont dit que j’étais tentée par le diable. Il ne fallait plus que je parle à un homme sans la présence d’une autre personne, il fallait que j’arrête la contraception."

Une vingtaine d'anciens membres et de proches de victimes ont porté plainte. "Sous des dehors fréquentables, on retrouve tous les signes de l’emprise sectaire avec perte d’identité progressive, charge leur avocat. Les membres prient jusqu’à des heures tardives au point d’être épuisés, jeûnent deux jours par semaine, rompent avec leur famille. Tous ceux qui critiquent le mouvement sont diabolisés…" Le prévenu, lui, reste soutenu par les adeptes qui vivent encore avec lui. "Je suis le président de l’association. Mais en aucun cas un gourou, se défend-t-il. Notre passion, c’est le Christ et nous essayons de le vivre dans la vérité. Jamais je ne voudrais malmener la vie de qui que ce soit. Au contraire… Je ne suis pas un directeur de conscience. Je suis médecin. Et je crois à la science." Le parquet a requis à son encontre deux ans de prison "éventuellement avec sursis", 15 000 euros d'amende ainsi qu'une interdiction d'entrer en contact avec les victimes. [avec leparisien.fr et ouest-France.fr]

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