Têtes plates chez les bébés : ne pas diaboliser le couchage sur le dos, alertent les pédiatres

01/08/2017 Par Aveline Marques
Santé publique

Saisie par une association de patients, la Haute Autorité de santé (HAS) va élaborer des documents de prévention de la plagiocéphalie chez le nourrisson. Au risque de remettre en cause, dans l'esprit du grand public, les bonnes pratiques de couchage, qui ont permis de réduire les morts subites du nourrisson.

"La HAS inscrit à son programme de travail l'élaboration de deux documents portant sur la prévention des risques de plagiocéphalie (aplatissement de la tête, NDLR) chez le nourrisson : une fiche mémo destinée aux professionnels de santé (et) un document d'information destiné au public", écrit-elle dans une décision datée du 28 juin. Cette décision est motivée par "une augmentation de la fréquence d'asymétrie crânienne, également nommée plagiocéphalie" observée "depuis la mise en œuvre des recommandations de couchage sur le dos pour prévenir la mort subite du nourrisson", il y a une vingtaine d'années. Or, le crâne des nourrissons, dont les os ne sont pas encore soudés entre eux, est malléable et peut facilement se déformer. Dans un rapport publié en 2011, la Société canadienne de pédiatrie citait une étude de 2004 sur la plagiocéphalie: selon cette étude, 16% des bébés de six semaines avaient la tête plate. Ce taux montait à 19,7% à l'âge de quatre mois, pour redescendre à 6,8% à 12 mois et 3,3% à 24 mois. La HAS, qui relève "l'absence de travaux français" sur le sujet, a été saisie par Le Lien, une association de défense des patients, en vertu d'une procédure de "droit d'alerte" introduite par la loi Santé de 2016. "Nous nous réjouissons que la HAS s'empare du sujet", a déclaré à l'AFP la vice-présidente du Lien, Claude Rambaud, qui souhaite qu'un dépistage soit organisé et que les médecins soient sensibilisés. Pour l'association, la plagiocéphalie est une question de "santé publique" qui, au-delà des considérations esthétiques, peut provoquer chez les enfants des scolioses ou des déformations de la mâchoire. Le plus souvent, cette déformation de l'arrière du crâne s'estompe si les parents s'astreignent à ne pas laisser le bébé dans la même position durant la journée. Cela peut s'accompagner de séances de kinésithérapie et d'ostéopathie. Mais nombre de pédiatres craignent que la peur des plagiocéphalies remette en cause dans l'esprit du grand public l'obligation du couchage sur le dos, qui a notablement réduit les morts subites du nourrisson. Mi-juillet, l'Association nationale des centres référents sur la mort inattendue du nourrisson (Ancremin) avait ainsi rappelé dans un communiqué "les recommandations internationales de couchage dorsal strict dans un environnement sécurisé de literie pour tout nourrisson tant qu'il n'arrive pas à se retourner sans aide". "Toute démarche visant à proposer une alternative ne fait qu'augmenter le risque de mort évitable par étouffement", avait poursuivi l'Ancremin. Selon ces professionnels de santé, la plagiocéphalie est due "avant tout au fait que le bébé soit empêché de varier ses postures et ne soit pas libre de sa motricité", notamment s'il est installé pour de longues durées dans des sièges normalement destinés au transport en voiture. [avec AFP]

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