Covid-19 : quel bilan chez les enfants après un an d’épidémie ?

15/06/2021 Par Corinne Tutin
Pédiatrie
Les enfants ont été peu touchés par la Covid-19. Néanmoins, certains ont développé un Pims qui exige une hospitalisation rapide. On peut désormais réaliser des PCR diagnostiques au cabinet.

  Après un an d’évolution de l'épidémie Covid-19, « les données observées en ambulatoire confirment que l’enfant, peu contaminé et peu contaminant, n'est pas le moteur de l'épidémie, et il n’a pas été noté d’explosion des contaminations chez lui avec les variants », a précisé le Dr Christophe Batard, pédiatre à Vincennes. De fait, dans l'étude de l'observatoire Vigil 2, menée du 2 novembre 2020 au 1er avril 2021 chez 2 591 enfants symptomatiques suspects d'infection à Sars-CoV-2 suivis par 79 pédiatres de ville ou des urgences pédiatriques, le taux de positivité des tests PCR ou antigéniques n’a pas dépassé 7 % sur la période sans modification notable avec l'apparition du variant dit anglais B.1.1.7.  Le risque de contamination est apparu le plus bas chez les enfants en crèche (parce qu’ils échappent au contact avec des parents infectés travaillant en extérieur ou résistent mieux au Sars-CoV-2 en raison d'autres infections virales ?) et augmentait avec l’âge (multiplié  par 2 entre 6 et 11 ans, par 3 entre 12 et  17 ans ) et, surtout, en cas de contact avec un enfant infecté (multiplié  par 16,1) ou un adulte infecté (par 21,1) de la maison ou un adulte infecté en dehors du foyer (par 10,4). La fièvre, la toux étaient les symptômes les plus courants. « Pour autant, il n’existe aucun signe prédictif d’infection par le Sars-CoV-2 ».

Le Dr Batard propose de réaliser des PCR au cabinet sur prélèvement nasopharyngé. Comme pour les tests antigéniques, la réponse est obtenue en 20 minutes et l'automate, qui peut aussi être utilisé pour d'autres infections (grippe, VRS...) (VitaPCRTM) fournit une courbe qui permet d’apprécier la charge virale. En cas de test positif, les parents doivent déposer le reste du dépôt au laboratoire d’analyse pour recherche de variants. Les enfants représentent 1 à 2 % des patients hospitalisés pour infection Covid-19 et le taux de décès est de 1/10 000 avant 15 ans, a ajouté le Pr François Angoulvant (Hôpital Robert Debré, Paris). Les données de l’observatoire Pandor révèlent que plus d'un tiers des d’hospitalisations a été réalisé chez des nourrissons de moins de 3 mois, qui ont généralement présenté une infection peu grave ne nécessitant pas d’oxygénothérapie. Vingt pour cent des enfants sont passés en réanimation mais, en médiane, pour 3 jours seulement. Les facteurs de risque exposant aux très rares formes pédiatriques sévères semblent être un âge supérieur à 10 ans, un taux de protéine C-réactive (CRP) supérieur à 80 mg/L, la présence d’une hypoxie et, dans une moindre mesure, de comorbidités. Ces dernières étaient présentes dans un tiers des cas, mais sans qu’aucune ne se dégage nettement si ce n’est peut-être l’existence d’une trisomie 21 ou d’anomalies d'expression de l'interféron (interféronopathies).    Pims : un risque de choc cardiogénique Un syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (PIMS ou pour les Américains MIS-C), en relation avec la Covid-19, a été signalé chez 470 enfants entre le 2 mars 2020 et le 2 mai 2021, a ajouté le Dr Véronique Hentgen, pédiatre au centre hospitalier de Versailles. L’analyse des courbes confirme qu’il s’agit d’un syndrome apparaissant...

 4 à 6 semaines après une infection Sars-CoV-2, symptomatique ou non. Son incidence est très faible (2/10 000 enfants infectés). L’âge des enfants concernés est plus élevé que dans la maladie de Kawasaki (8 ans contre 3 ans) et l’atteinte myocardique au premier plan (71 % contre 7 %). Compte tenu du risque de choc cardiogénique précoce, les enfants infectés avec une fièvre élevée inexpliquée, et donc suspects de Pims, doivent être rapidement hospitalisés dans une structure en relation avec une unité de réanimation ou de soins intensifs cardiologiques. On pratiquera rapidement chez eux les examens nécessaires (sérologie anti-Sars-CoV-2 dont la valeur risque de diminuer avec la diffusion de l’infection dans la population, NT/proBNP, troponine, échographie cardiaque...). L'évolution est heureusement le plus souvent favorable après traitement par corticoïdes, immunoglobulines intraveineuses, anti-coagulants et éventuellement biothérapies.

La physiopathogénie de ce syndrome reste inexpliquée (dysfonction du système immunitaire inné avec hypersécrétion de cytokines pro-inflammatoires, cellules T auto-réactives et/ou auto-anticorps, prédisposition génétique ?). « Mais, il pourrait s’agir d’une autre maladie que la maladie de Kawasaki car l'activation des gènes de l'inflammation diffère », a souligné le Dr Hentgen. Certaines publications ont suggéré que la protéine Spike du Sars-CoV-2 pourrait se comporter comme un superantigène et déclencher la survenue de ces Pims. « Un point important à vérifier sur le plan de la sécurité, si l’on envisage de vacciner les enfants », a insisté le Dr Hentgen.  Le Dr Robert Cohen, pédiatre infectiologue au centre hospitalier intercommunal de Créteil, a admis que « cet élément devra être vérifié sur les données de pharmacovigilance, car les études réalisées pour la mise sur le marché des vaccins, ne permettront pas d’y répondre compte tenu de la rareté du Pims ». « On ne peut se baser uniquement sur l’intérêt collectif pour vacciner les enfants, et il faudra tenir compte des tranches d’âge », a reconnu le Dr Cohen. Ce pédiatre infectiologue est cependant moins inquiet quant aux effets éventuellement négatifs du vaccin car, a-t-il indiqué, « un superantigene doit rester présent pour déclencher la maladie. Or, avec la vaccination, la protéine Spike disparaît en quelques heures ».  Le Dr Cohen a aussi fait remarquer que le premier pic de Pims a été constaté après le premier confinement (durant lequel les établissements scolaires étaient fermés) « et que les Pims ont en général été vus après des contaminations intrafamiliales ce qui exclut la responsabilité de l'école ».

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