Au CHU de Toulouse, une étude e-Coccon a été mise en place mi-mai pour analyser les effets du confinement. Les enfants et adolescents de 8 à 15 ans et leurs parents volontaires étaient incités à répondre par téléphone (0534558673) à un questionnaire avec 13 paramètres permettant de calculer un score de stress post-traumatique. La catégorie socio-professionnelle, le nombre de personnes vivant au domicile, le fait de vivre en appartement ou dans une maison, la taille de l’habitation ont été pris en compte, car, explique le Pr Isabelle Claudet, responsable du Pôle enfants au CHU de Toulouse à l’origine de cette étude, « on peut penser que ce n’est pas la même chose de vivre confiné dans 40 m2 ou une maison de 170 m2 avec jardin ». Cette enquête va se poursuivre encore quelques semaines dans l’espoir d’obtenir au moins 500 réponses. « Cependant, une première analyse de 324 réponses laisse penser qu’une proportion non négligeable d’enfants, y compris ceux habitant une maison avec jardin, présentent des critères de stress post-traumatique : cauchemars, troubles du sommeil, crises de colère subites, peur de parler du coronavirus, ... », rapporte le Pr Claudet. « Certains parents s’en sont d’ailleurs aperçus et sont déjà allés consulter un psychologue. » Par ailleurs, une enquête en ligne effectuée par Harris Interactive chez un millier de jeunes représentatifs de 6 à 18 ans pour l’Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport (Irmes) confirme que la sédentarité, déjà notable chez les jeunes, s’est accrue avec le confinement. Les activités sédentaires ont ainsi augmenté de 22,6 heures à 33,3 heures par semaine entre les périodes du 26 février-2 mars et du 28 mai-4 juin. Et, les jeunes ont déclaré avoir passé 10 heures contre 6,7 heures auparavant devant la télévision, 7,7 heures (contre 5,2) à naviguer sur internet, 7,2 heures (contre 4,7) à participer à des jeux vidéo, 5,1 heures (contre 3,7) à discuter avec les amis sur les réseaux sociaux. Quant à l’activité physique (sport, marche, vélo), elle a décru de 6,1 à 5,5 heures en moyenne (respectivement 3,5 et 2,7 heures pour le sport). Enfin, 14 % des jeunes dans leur ensemble, et 20 % des lycéens, n’ont pratiqué aucun sport durant le confinement. Pour éviter que cette sédentarité supplémentaire ne persiste au détriment de leur santé, « il faut donner aux jeunes le plus possible d’accès aux activités physiques et sportives pendant les deux semaines d’école qui restent et pendant les grandes vacances », a indiqué le 18 juin à l’Agence France Presse le Pr Jean-François Toussaint, directeur de l’Irmes. C’est d’ailleurs le souhait des jeunes, 94 % des écoliers du primaire, 90 % des collégiens et 82 % des lycées ayant exprimé vouloir faire du sport après les vacances d’été. Le Pr Toussaint a déploré que « certains enfants qui ne sont pas sortis du tout pendant 3 mois se retrouvent avec un déficit de leurs capacités et n’arrivent plus à monter un étage ».
Pour le Pr Claudet, « il faut laisser vivre les enfants et les adolescents et leur permettre de reprendre leurs activités habituelles de sport et loisirs. Mais les parents devront continuer à se protéger car le virus circule toujours. Ils expliqueront à leurs enfants avec des mots correspondant à leur âge pourquoi on porte toujours un masque dans les transports, les magasins. Avec le retour à l’activité physique, on peut penser que les enfants vont retrouver assez rapidement leurs capacités physiques, perdre l’excès de poids qu’on constate chez certains et qui a parfois été associé à des conduites alimentaires familiales inadaptées ». L’école ne constitue pas un risque selon les pédiatres Pour ce pédiatre, « le retour obligatoire à l’école était une bonne chose et il n’y avait d’ailleurs aucune raison que les enfants n’y retournent pas puisqu’on sait maintenant qu’ils sont peu porteurs du virus et transmettent peu la maladie ». Un point de vue partagé par la plupart des pédiatres. Dans une troisième tribune publiée le 11 juin 2020* (après une première le 26 avril et une seconde le 13 mai), la Société française de pédiatrie (SFP) a demandé le retour immédiat de tous les enfants en collectivité et à l’école, estimant paradoxal que « les enfants qui n’ont été que très peu concernés par cette infection soient pourtant ceux qui ont fait l’objet des mesures les plus coercitives ». Au vu de déclarations de parents et d’enseignants, la SFP regrettait alors que les besoins fondamentaux des enfants n’aient pas toujours été respectés pendant la première phase de reprise de la scolarité post-confinement : « enfants exclus de maternelle car non capables de respecter les mesures barrière, ou revenant souillés à la maison car non changés, cordons de sécurité, séparation d’avec les amis, regroupement d’enfants d’âges variables, enseignants différents tous les jours… ». Des témoignages ont également fait état d’apparition d’énurésies, d’enfants s’isolant à la maison au retour de l’école par peur de contaminer l’entourage.
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