La curcumine ou diféruloyl-méthane est le pigment principal du curcuma (Curcuma longa, de la famille des zingibéracées à laquelle appartient notamment le gingembre), aussi appelé safran des Indes. Ce pigment polyphénolique (curcumoïde) donne une couleur jaune, ce qui en fait un colorant très utilisé dans l’industrie alimentaire (E100). Le curcuma occupe aussi une grande place en phytothérapie. Selon une étude publiée par la revue Carcinogenesis, ce pigment aurait des vertus permettant de combattre la chimiorésistance qui est un important facteur limitant dans le traitement de certains cancers, en particulier l’adénocarcinome pancréatique. Cette chimiorésistance serait liée à des cellules souches cancéreuses mais des travaux publiés ces dernières années ont mis en évidence un effet bénéfique de la curcumine sur la chimiosensensibilité. Mais par quel mécanisme ? C’est à cette question que la publication citée en référence apporte une première réponse, trouvée au sein de la famille des protéines du groupe Polycomb (PcG). Ces protéines ont pour rôle de maintenir les profils d’expresion des gènes établis durant le développement. Leur inactivation affecte potentiellement de nombreux processus biologiques tels que différenciation et prolifération cellulaires ou maintenance de la pluripotence des cellules souches. Les travaux de l’équipe menée par Ajay Goel et coll. (Baylor Scott & White Research Institute, Dallas) ont porté sur la sous-unité EZH2 (Enhancer of Zeste Homolog-2) du complexe PRC2 (Polycomb Repressive Complex 2), récemment identifiée comme un élément clé de la résistance aux chimiothérapies, en particulier dans l’adénocarcinome pancréatique. En exposant in vitro des cellules pancréatiques à la curcumine, ces chercheurs ont obtenu une inhibition de EZH2 et donc du processus conduisant à l’appaprition d’une résistance des cellules cancéreuses aux produits censés les détruire, notamment la gemcitabine. Cette découverte pourrait donc permettre de ralentir ce processus de chimiorésistance et par voie de conséquence d’allonger significativement la survie des patients traités pour un adénocarcinome pancréatique, voire d’autres cancers.
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