La torsion testiculaire est une urgence absolue et fréquente. Six heures. C'est le délai maximum qui doit s'écouler entre l'instant où une torsion testiculaire se manifeste, et le moment où le patient est opéré, alerte le Dr Bernard Boillot (CHU de Grenoble-La Tronche). Au-delà de ce délai, le risque est la nécrose définitive nécessitant son ablation. Due à une compression artérielle, la torsion testiculaire est une affection fréquente puisqu’elle concerne 1 homme sur 4000. Elle est marquée par une douleur intense, qui peut s'accompagner de : nausées, gonflement du testicule, impossibilité de toucher l'organe tant il est sensible. À l'examen clinique, le médecin observe en général un testicule « ascensionné » (plus haut que l'autre). Tous les âges sont concernés. Cependant, la majorité des cas surviennent avant 25 ans, avec un pic de fréquence se situe au moment de la puberté, entre 12 et 15 ans. Or à cette période sensible, l’adolescent est souvent peu enclin à parler à son entourage d'une douleur testiculaire. Parfois même il se sent coupable et n’alerte pas immédiatement. Le sujet ne doit pas être tabou souligne de Dr Boillot. « Quand je reçois des jeunes en consultation, je leur conseille l'autopalpation, qui leur permet de détecter toute anomalie, tout gonflement du testicule et de diagnostiquer à temps des affections potentiellement graves comme des infections ou des tumeurs », insiste le Dr Boillot. Les adolescents doivent être sensibilisés au fait que toute douleur testiculaire, surtout si elle est vive et d'apparition brutale, exige une consultation. Opérer sans hésiter La clinique est en général très parlante et suffit à évoquer le diagnostic. D’autant que les examens complémentaires ne sont pas fiables, estime le Dr Boillot. La prise en charge est chirurgicale sans attendre, consistant en une détorsion et fixation des 2 testicules pour éviter la récidive. Cependant en cas de doute (douleur moins intense ou moins brutale), faut-il opérer ? Pour le Dr Boillot, la réponse est oui, sans équivoque. Seule l'ouverture de la peau va permettre de déterminer si on a affaire ou non à une torsion. « Il arrive qu'on ouvre et que le testicule soit bien positionné. Peut-être y a-t-il eu détorsion spontanée au cours de la préparation à l'opération, peut-être n'était-ce pas une torsion, mais le chirurgien ne doit pas considérer qu'il a fait une erreur en ouvrant car il n'y a pas d'autre solution pour s'assurer du diagnostic ». L'enjeu est de sauver le testicule, d'éviter sa nécrose, mieux vaut être trop interventionniste que prendre ce risque.
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