Ce qu'il faut retenir des dernières Journées francophones de l'insuffisance cardiaque

04/11/2022 Par Alexandra Verbecq
Cardio-vasculaire HTA
Les Journées francophones de l'insuffisance cardiaque, des cardiomyopathies, de l’assistance et de la transplantation cardiaque (JFIC-CAT), se sont tenues les 22 et 23 septembre à Strasbourg. Au programme, les progrès réalisés dans l’insuffisance cardiaque, mais aussi les nouveaux facteurs de risque et les nouveaux métiers… On observe une réelle prise de conscience à tous les niveaux pour améliorer la prise en charge de cette pathologie.

    Egora - Le Panorama du médecin : Quels sont les points clés à retenir ? Pr François Roubille : L’inertie thérapeutique a été largement abordée. Il existe encore des freins au traitement aussi bien du point de vue du patient que du prescripteur. Dans l’insuffisance cardiaque (IC), le développement de nouveaux métiers, en particulier les infirmières en pratique avancée (IPA) et la délégation de tâches, est une solution pour y remédier. Les médecins généralistes (MG) doivent connaître ces nouveaux métiers afin de se positionner par rapport à leurs collègues. Avec un déploiement commençant à être significatif sur l'ensemble du territoire, les IPA vont pouvoir s’auto-saisir de prescriptions parfois en délégation et parfois avec une certaine autonomie, ce qui est nouveau et peut être surprenant pour les MG. C'est un point important. Nous avons bien sûr parlé des recommandations européennes dans l'IC datant de 2021 et de la façon de les implémenter, c'est à dire optimiser le traitement, y aller plus rapidement et plus fort pour la totalité de nos patients. Et nous avons souligné le rôle important de toutes les spécialités dont les MG dans le suivi de ces recommandations. Au niveau de la pratique, nous sommes censés revoir le patient une semaine après une hospitalisation pour IC. En réalité, c’est très difficile. Notre recommandation est de nous appuyer sur la télésurveillance qui est devenue un gold standard dans la prise en charge de l’IC. Il est important de connaître comment elle fonctionne et est intégrée dans la pratique quotidienne. En effet, nous pouvons recevoir une alerte par le biais de la télésurveillance. Cela nous permet de demander à nos collègues de médecine de ville de revoir un patient, avec bien sûr des recommandations. Ce sont de vraies nouveautés. Sur le plan politique, nous voyons une poussée forte s’effectuer autour de la prise en charge de l’IC. L’Assurance Maladie était présente avec nous lors de l’ouverture du congrès. L’organisme lance une campagne d’information sur ce sujet pour sensibiliser la population générale. Une aide est également apportée pour structurer l’offre de soins dans les territoires et pour lutter contre les inégalités de prise en charge. Cela concerne aussi bien les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) que les cabinets. C’est un point important car le projet de l’Assurance Maladie s’inscrit pour trois ans avec des moyens conséquents et des outils vraiment intéressants.   Quelles sont les nouvelles modalités de prise en charge de l’IC ? Pour améliorer la prise en charge, plusieurs innovations ont été présentées que ce soient en termes de médicaments qui arrivent ou de dispositifs. Certains traitements comme le riociguat seront positionnés chez les patients « en aggravation de leur IC », ce qui sera donc du domaine du spécialiste, voire du spécialiste en IC. C’est très différent de la famille des gliflozines, largement utilisée et prescrite par les MG. En outre, de nombreux dispositifs sont en cours d’évaluation, comme la réparation valvulaire du cœur droit, les shunts inter-atriaux, d’autres modalités de télésurveillance (comme les pressions pulmonaires), la dénervation… Il faut attendre des études plus larges pour savoir s’ils seront proposés dans notre arsenal thérapeutique. Par ailleurs, nous avons également eu de nombreuses discussions avec les professionnels paramédicaux autour de leur implication, la gestion ambulatoire, l’hospitalisation à domicile… Enfin, de nouveaux facteurs de risque interagissant avec la pathologie sont aujourd’hui identifiés. Ce sont soit des terrains particuliers, comme la femme jeune par exemple, soit des facteurs de risque émergents comme la pollution et la canicule.   Que disent les dernières recommandations Européennes sur l’hypertension pulmonaire (HTAP) ? Peu de changements ont été apportés par rapport aux recommandations précédentes. Le niveau reconnu, pour qu’une HTAP soit confirmée, a été légèrement modifié. Nous sommes maintenant à 25 mmHg de pression artérielle pulmonaire moyenne (PAPm). En termes de dépistage et de diagnostic, le cathétérisme cardiaque droit reste le gold standard, comme cela était déjà le cas précédemment. Les thérapeutiques améliorent non pas le pronostic, mais les symptômes des patients. Il est nécessaire de les implémenter assez tôt. L’HTAP est une maladie orpheline au sens où les patients sont peu nombreux et où l'errance diagnostique est importante. Une dyspnée asymétrique disproportionnée à l’échographie cardiaque et à l'examen clinique doit faire suspecter une HTAP. Il est alors nécessaire d'orienter vers le centre de référence où se trouvent des cardiologues et des pneumologues qui décideront du meilleur traitement. *Le Pr Roubille déclare participer ou avoir participer à des interventions ponctuelles pour Air Liquide, Abbott, servier, Novartis, AstraZeneca, Boehringer Ingelheim, Bayer, et NovoNordisk  

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