Renforcement de la vaccination : les médecins généralistes sont la clé

19/10/2017 Par Marielle Ammouche
Infectiologie

La confiance dans les vaccins s’érode de plus en plus, comme le montre les dernières données du BEH.

Les députés ont voté mercredi dernier, le 18 octobre, en commission, pour l’extension de l’obligation vaccinale à l’ensemble des onze vaccins destinés aux jeunes enfants. Le débat a été vif. La majorité des élus étaient d’accord avec la ministre de la santé, le Pr Agnès Buzyn, qui défend cette mesure qui correspond aux recommandations du Comité d'orientation de la concertation citoyenne sur la vaccination la considérant comme "une nécessité de santé publique". En face, certains députés à l’image de Blandine Brocard (Lrem, Rhône) jugent que le calendrier est trop précipité et risque, au contraire, d’augmenter la défiancede vis-à-vis de la vaccination. Et force est de constater que les réticences persistent, comme le montrent des données issues du Baromètre santé 2016, qui a pris en compte les avis de près de 15 000 personnes âgées de 18 à 75 ans interrogées entre janvier et aout 2016. Les résultats viennent d’être publiés dans un hors-série du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) daté du 19 octobre. Ils montrent qu’en 2016, seules 3 personnes interrogées sur 4 (75,1%) ont déclaré être favorables à la vaccination en général. On est loin des 90% observés jusqu’à la fin des années 2000. Et ce taux a encore diminué par rapport à 2014 (78,8%). 41,5% déclarent être défavorables à au moins une vaccination. Celle contre la grippe saisonnière est celle qui recueille le plus d’opinions défavorables en 2016 (15,4%), devant celle contre l’hépatite B (13,0%) et celle contre les infections à papillomavirus humains (HPV) (5,8%). Les vaccins concernant les nourrissons suscitent, eux, peu de réticences. L’étude a aussi analysé les... facteurs influençant cette opinion. Concernant la grippe saisonnière, le moins favorables sont les 25-44 ans et les moins diplômés. Et s’agissant de l’hépatite B et du HPV, les réticences concernent principalement les personnes disposant de revenus et de diplômes élevés, les personnes âgées de 45-54 ans et les femmes. Alors, pour redonner confiance, l’élargissement des vaccins obligatoires apparait-il une solution ? "Parce qu’il contraint la liberté individuelle, le choix de l’extension de l’obligation vaccinale peut heurter" concèdent Sylvain Gautier (Collège de liaison des internes de santé publique - Clisp) et Camille Tricart (Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale - Isnar-IMG). "Mais poser la question de la liberté individuelle, c’est oublier le principe même qui fonde la réussite de la vaccination : celui de la protection collective par la constitution d’une immunité de groupe", affirment-ils dans un papier d’opinion publié dans ce BEH. Un point de vue qui est renforcé par les résultats d’une étude qualitative de Santé Publique France qui montre que le caractère recommandé d’un vaccin lui confère une dimension facultative, avec une remise en question en termes d’utilité, d’efficacité et d’innocuité, alors que "le caractère obligatoire d’une vaccination semble avoir un effet positif sur sa perception". Et ceci s’ajoute à la faible perception du risque par la population générale des maladies couvertes par la vaccination.  

Les médecins généralistes en première ligne

  Pour Raphaël Lozat (responsable du pôle santé des populations, Collège de la médecine générale) dans ce même BEH, "aujourd’hui, les médecins généralistes sont en première ligne pour tenter de restaurer cette confiance, en... informant de manière claire et transparente sur l’intérêt, tant personnel que collectif, de la vaccination". Et comme le montre l’étude qualitative, la meilleure arme contre l’hésitation vaccinale est la conviction et la motivation du prescripteur. Les médecins généralistes, qui rencontrent une fois sur deux de difficultés pour informer les patients à propos de la vaccination (Martinez et al. Santé Publique. 2016 ;28(1):19-32), ils considèrent comme utiles les campagnes d’information grand public (à 81%), ainsi que les argumentaires sur les bénéfices et les risques de chaque vaccin élaborés à leur intention (79%) ou à celle de leurs patients (78%). Raphaël Lozat conclut "nous détenons individuellement et collectivement une des clés de la restauration de la confiance des Français dans la vaccination. Nous serons au rendez-vous".  

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