Thromboses : un "lien possible" avec le vaccin d’AstraZeneca, mais aucun facteur de risque identifié
Tout en confirmant que la balance bénéfice/risque du vaccin d’AstraZeneca reste très largement en faveur de son utilisation dans la lutte contre le Covid-19, et que les événements thrombotiques mis en évidence au cours de la vaccination sont « très rares », l’Agence européenne du médicament (EMA) a indiqué, le 7 avril, lors d’une conférence de presse, que ces cas de thromboses « sont des effets secondaires possibles de la vaccination et doivent être répertoriés comme tels ». Dans un communiqué, l'EMA confirme l’existence d’ "un lien possible" entre le vaccin et "de très rares cas" de thromboses inhabituelles associées souvent à des thrombopénies. Ces caillots surviennent généralement dans les deux semaines suivant la vaccination, au niveau cérébral (thrombose du sinus veineux cérébral, CVST) et de l'abdomen (thrombose veineuse splanchnique). Au 22 mars, 62 cas de thromboses cérébrales veineuses avaient été identifiées, ainsi que 24 cas de thromboses d’autres localisation, à l’origine de 18 décès, sur environ 25 millions de vaccinations en Europe et au Royaume-Uni. L’EMA évalue l’incidence de ces effets secondaires à 1/100 000 vaccinations. Et à la date du 4 avril, 222 cas de ces thromboses atypiques ont été recensées sur 34 millions d'injections réalisées avec AstraZeneca dans l'Espace économique européen (UE, Islande, Norvège, Liechtenstein) et le Royaume-Uni. En France, les dernières données établissaient 12 cas dont 4 décès sur 1,9 million d’injections. L’EMA ajoute qu’aucun facteur de risque spécifique tel que l’âge, le sexe, ou les antécédents médicaux, n’a pu être statistiquement identifié comme étant lié à ces thromboses, même si elles semblent survenir plus fréquemment chez les femmes de moins de 60 ans. Elle évoque des facteurs immunitaires pour les expliquer, conduisant à une affection similaire à celle observée parfois chez les patients traités par héparine (thrombocytopénie induite par l'héparine, TIH). L'agence a par ailleurs indiqué que des cas de thromboses ont également été observés après l'administration d'autres vaccins anti-Covid approuvés dans l'Union européenne, sans lien avéré à ce stade. Trois cas ont notamment été signalés dans le monde pour le vaccin de la société américaine Johnson & Johnson, vaccin à vecteur viral comme celui d'AstraZeneca. « Les chiffres sont extrêmement faibles par rapport aux 4,5 millions de vaccins reçus dans le monde. Ceci est cependant sous un examen attentif », a déclaré le chef du service de pharmacovigilance et d'épidémiologie de l'EMA, Peter Arlett. Il y a eu 35 cas signalés pour le vaccin Pfizer/BioNTech à travers le monde, et cinq pour celui de Moderna, selon le régulateur européen. Les autorités scientifiques britanniques ont recommandé mercredi de limiter l'usage du vaccin AstraZeneca aux plus de 30 ans quand c'est possible, mais l'EMA a estimé qu'aucun élément ne l'orientait vers une recommandation similaire. « Je ne peux pas commenter la décision au Royaume-Uni de limiter à un certain âge, mais je peux vous dire qu'il est beaucoup plus utilisé dans les groupes d'âge plus jeunes au Royaume-Uni que dans l'UE en ce moment », a affirmé Mme Emer Cooke, directrice executive de l’EMA. Selon les autorités britanniques, 79 cas rares de caillots sanguins ont été signalés, chez 51 femmes et 28 hommes âgés de 18 à 79 ans, dont 19 décès. Plus tard dans la soirée, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a affirmé qu’un lien entre le vaccin d'AstraZeneca et l'apparition d'une forme rare de thrombose est « plausible mais non confirmée ». « Des études spécialisées sont nécessaires pour comprendre pleinement la relation potentielle entre la vaccination et de possibles facteurs de risque », ont souligné les spécialistes de l'OMS, qui insistent sur le fait que ces phénomènes « bien qu'inquiétants sont très rares ».
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