"Il est temps de cesser d'attiser les peurs" : la réponse des IPA au président de l'Ordre des médecins
Dans un communiqué diffusé le 18 juillet en réaction aux "récentes déclarations" du Dr François Arnault, président du Conseil national de l'Ordre des médecins, sur l'accès direct aux paramédicaux, l'Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa) dit "stop au corporatisme". "Ceux qui aujourd'hui s'opposent aux mesures nécessaires d'accès aux soins des patients seront comptables demain des retards de prise en charge des Français", prévient-elle.
La publication des textes d'application de la loi Rist de mars 2023 alimente ces dernières semaines une guerre par communiqués interposés. Pour rappel, ces projets de décret et d'arrêté, qu'Egora a pu consulter, précisent les "conditions" de l'accès direct des patients aux IPA et de "prescription initiale" par ces derniers. Ainsi, le projet d'arrêté liste en annexe les "produits ou prestations soumis à prescription médicale obligatoire" que tous les IPA seront autorisés à prescrire (paracétamol, arrêt de travail de moins de 3 jours, transport sanitaire, amoxicilline pour traiter une angine bactérienne à strepto-test positif chez l’adulte…) et ceux qui seront spécifiquement autorisés pour chaque "mention" d'IPA, avec ou sans "diagnostic médical préalable". Dans le cadre du domaine d'intervention "pathologies chroniques stabilisées, prévention et pathologies courantes en soins primaires", une IPA pourra ainsi prescrire sans diagnostic médical préalable des traitements antihypertenseurs de première ligne, des hypoglycémiants, ou encore des statines…
Des dispositions qui, pour le président du Conseil national de l'Ordre des médecins, outrepassent l'équilibre trouvé dans la loi Rist, qui cantonnait l'accès direct des paramédicaux aux structures d'exercice coordonné. Dans le dernier bulletin de l'instance, le Dr François Arnault déclare que "le Gouvernement va au-delà de la loi" et ne respecte pas "le contrat moral" avec les médecins, qui s'étaient fortement mobilisés contre un large accès direct. Il estime que ces textes ne peuvent "figurer dans les affaires courantes d'un Gouvernement qui a présenté sa démission", et annonce qu'il utilisera "tous les recours légaux" pour obtenir une modification.
"Positions corporatistes d'un autre temps"
Dans un communiqué diffusé le 18 juillet, l'Unipa considère au contraire que ces textes "font partie intégrante des affaires courantes, la loi ayant été promulguée depuis plus d’un an". Dénonçant les "positions corporatistes d'un autre temps" de l'Ordre des médecins, le syndicat assure que ces textes ont été "construits en concertation avec les représentants des organisations médicales". "Il est crucial de clarifier que les compétences des IPA, notamment en oncologie, néphrologie et santé mentale, ne visent pas à remplacer les diagnostics médicaux. Au contraire, elles sont destinées à améliorer la prise en charge des patients dans des domaines spécifiques, tels que la gestion des effets secondaires de la chimiothérapie, l’évaluation nutritionnelle chez les patients néphrologiques, et la correction des effets secondaires des neuroleptiques en psychiatrie et santé mentale", met en avant l'Unipa.
"Il est temps de cesser d’attiser les peurs et de reconnaître que les IPA agissent en complémentarité avec les médecins pour pallier les inégalités d’accès aux soins", déclare-t-elle. "Ceux qui aujourd’hui s’opposent aux mesures nécessaires d’accès aux soins des patients, seront comptables demain des retards de prise en charges des Françaises et Français avec des conséquences dramatiques pour la santé de ces populations, notamment les plus précaires", prévient l'Union.
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