Une maire prend un arrêté pour contraindre l'Etat à recruter 11 médecins
Mercredi 28 août, la maire de Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) a pris un arrêté pour obliger l'Etat à recruter onze praticiens dans sa commune.
La maire de Digne-les-Bains, Patricia Granet-Brunello, a décidé d'agir pour mettre fin à la pénurie de médecins dans sa commune. Mercredi 28 août, l'élue a pris un arrêté municipal enjoignant l'Etat -via l'ARS- de recruter onze praticiens pour faire face à la régulation, voire à la fermeture partielle des urgences de plusieurs villes des Alpes-de-Haute-Provence.
"On est dans une situation critique, mais il ne faut pas que ça devienne encore plus critique. Donc la prévention c'est aujourd'hui de trouver des solutions pour remonter la pente", a expliqué l'édile, qui est également allergologue à l'hôpital de Digne-les-Bains. Par manque de personnels, les urgences de sa commune doivent procéder à des régulations de patients et celles de la commune voisine de Manosque "sont régulièrement fermées" depuis un an et demi.
Une situation inacceptable pour la maire, qui a décidé de prendre cet arrêté. Le texte de ce dernier a été produit sur l'exemple de celui pris par plusieurs maires de communes des Côtes-d'Armor en juin dernier. Ils dénonçaient eux-aussi une détérioration de l'offre d'accès aux soins pour leurs concitoyens.
Les onze médecins demandés par Patricia Granet-Brunello correspondent ainsi aux effectifs supplémentaires nécessaires en plus des équipes en place "pour tourner correctement", avance l'élue. Comme demandée par les maires des Côtes-d'Armor, l'astreinte que devraient payer les services de l'Etat en cas de retard dans l'application des mesures demandées par Digne-les-Bains serait de 1 000 euros par jour.
Le choix de cet arrêté n'est pas "anodin", a reconnu la maire dans une vidéo explicative, postée jeudi 29 août sur Facebook. "L'objectif [de cet arrêté], ce sont [s]es enjeux, a-t-elle poursuivi. C'est comment on tire la sonnette d'alarme, comment on fait un choc électrique pour arriver à trouver des solutions à court terme avec les moyens que l'on a […] Et que parallèlement, l'Etat nous propose des solutions pérennes qui vont venir face à ces mesures concrètes locales pour pouvoir petit à petit ouvrir le champ des possibles dans le domaine de la santé […] C'est maintenant ou jamais…"
Dans les Côtes-d'Armor, la préfecture - chargée du contrôle de légalité de l'arrêté - a choisi le 23 août de le déférer au tribunal administratif de Rennes. Plusieurs des maires concernés doivent ainsi s'expliquer devant les juges ce mardi 3 septembre, selon le média local L'Écho de l'Armor et de l'Argoa.
Concernant son arrêté, Patricia Granet-Brunello a indiqué qu'un éventuel recours devant la justice administrative "ne [la] dérange pas" : "L'essentiel, c'est qu'enfin, on mesure que la santé en France va mal et qu'il faut changer". La préfecture des Alpes-de-Haute-Provence a deux mois pour déférer cet arrêté au tribunal administratif de Marseille.
[avec AFP]
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