L'étude du Pr Didier Truchot, présentée à l'occasion du colloque SPS sur les soins aux soignants rendus vulnérables, s'est attardée sur deux composantes majeures du burn out chez les médecins généralistes, l'épuisement professionnel et la dépersonnalisation de la relation avec l'autre*.
Lire aussi : Burn out : "Travailler beaucoup n'est pas ce qui esquinte le plus les médecins généralistes" Plusieurs constantes sont ressorties de cette enquête. D'une part, les femmes sont plus touchées par l'épuisement professionnel, à la fois parce qu'elles évoluent plus dans un registre émotionnel que les hommes, et aussi qu'elles assument plus de charges domestiques. En revanche, les hommes sont plus touchés par la dépersonnalisation. Le Pr Truchot estime que les femmes traitent plus les problèmes dans un régime maternant que les hommes, qui sont plus dans un registre instrumental. Par ailleurs, deux éléments apparaissent protecteurs du burn out : la vie en couple qui permet d'échanger et de se confier, et le travail en cabinet de groupe. Enfin, l'amplitude horaire ou le nombre de consultations a peu d'influence sur l'épuisement émotionnel et la dépersonnalisation. En revanche, plus les consultations sont brèves, plus le degré de dépersonnalisation est fort. Quatre grandes catégories de stresseurs ont été explorés, qui peuvent contribuer au burn out : . la charge de travail (sollicitations permanentes, tâches administratives, temps de pause insuffisant, cas complexes, etc) ; . la confrontation à des patients pénibles, difficiles (demandes excessives, patients non compliants, diagnostic établi sur internet) ; . le travail empêché, mal fait (pas le temps de faire de l'éducation thérapeutique ou de soutenir psychologiquement les patients, faire des choses contradictoires, manque de communication avec les différents intervenants) ; . le sentiment de frustration (impossibilité de suivre une FMC du fait d'une surcharge de travail, impossibilité de pratiquer selon toutes ses compétences, culpabilisation lors des départs en vacances, difficulté à trouver des remplaçants). Pour le critère de l'épuisement émotionnel, c'est le travail empêché puis la frustration qui ont le plus de poids, suivis par la charge de travail et les relations avec les patients. Pour la dépersonnalisation, c'est encore le travail empêché qui arrive en tête, suivi des relations conflictuelles avec les patients. La frustration joue très peu sur cet idem et la charge de travail a un effet inverse puisque plus elle est élevée, moins les patients dépersonnalisent leurs patients. Le Pr Truchot s'est également penché sur l'influence de ces quatre catégories de stresseurs, sur la fatigue et la satisfaction compassionnelle. Pour la satisfaction compassionnelle, c'est encore le travail empêché qui intervient le plus négativement sur cet idem car plus les médecins ont le sentiment de ne pas travailler correctement, moins ils ressentent de satisfaction compassionnelle dans leur travail et plus le risque de burn out est élevé. Fatigue compassionnelle : La frustration est le facteur le plus souvent cité, suivi par le travail empêché. Une fois encore, la charge de travail objective et le nombre de consultations sont très peu liés à a fatigue compassionnelle, signale le Pr Truchot. *L’épuisement professionnel correspond au sentiment de ne plus avoir de ressources pour répondre aux demandes des patients, de ne plus être motivé pour son travail, d’avoir une grande perte d’énergie, avec un sentiment de dysphorie proche de la dépression. La seconde variable, la dépersonnalisation de la relation avec l’autre, consiste à mettre de la distance entre soi et le patient.
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