RDV en ligne : des médecins créent un site qui ne revend pas vos données
Egora.fr : Comment est né le projet ? Dr Marcel Garrigou Grandchamp : Nous avons développé des outils en e-santé en Auvergne-Rhône Alpes. C'est la seule région de France où les ARS ont sollicité les médecins pour s'associer à elles dans le cadre de TSM, Territoires de soins numériques. Nous avons développé plusieurs outils comme le carnet de vaccination électronique, le RSPS pour Réseau social des professionnels de santé, qui permet aux équipes de premier recours de communiquer entre elles de façon simple, y compris sur des smartphones, de façon sécurisée.
Medunion vient dans le prolongement de cet outil. On voulait agréger à ce réseau social un certain nombre de services complémentaires à destination des professionnels de santé. Le premier outil auquel on a pensé, c'est de faire un agenda en ligne pour les médecins. C'est vraiment une brique autour du RSPS. Qu'est ce qui vous différencie des autres plateformes de prise de rendez-vous ? On est beaucoup plus compétitifs que d'autres offres sur le marché. Ce qu'on voulait, c'est une sécurisation absolue, une absence d'utilisation des données. Il n'y a pas d'exploitation des données. Au niveau coût, on est trois fois moins cher que la référence sur le marché qui est Doctolib. Ils sont à 120 euros, alors qu'on va sortir pour le même service à 30 euros. Vous avez prévu d'enrichir le service… Oui, nous sommes déjà dans le coup d'après. Nous sommes en train de développer Medunion urgences, qui a la même philosophie que notre agenda Medunion, mais qui va servir aux soins urgents ou non urgents, qui ne sont pas programmés. Les médecins pourront programmer des plages de disponibilités, et la régulation pourra mettre en contact ces médecins avec des patients qui appellent. Ces patients sont ceux qui ont besoin d'une consultation dans la journée, qui ne trouvent pas preneur et qui finissent aux urgences des hôpitaux. Cet agenda pour les soins non programmés ne sera pas accessible aux patients directement ? Non, il ne sera pas accessible aux patients. Il sera accessible à la régulation et aux médecins généralistes qui pourront solliciter des rendez-vous urgents auprès de confrères spécialistes. Aujourd'hui, nous n'avons que le téléphone, qui est un moyen synchrone, donc on se dérange. Si j'ai besoin d'un rendez-vous rapide chez un cardiologue, je n'ai que le téléphone. Là, le cardiologue pourra positionner des plages, et les médecins pourront y positionner des patients.
Ces outils sont indépendants. Les médecins généralistes ou spécialistes pourront s'abonner à Medunion urgences sans s'abonner à Medunion. En revanche s'ils ont les deux, ça va apparaître chez eux comme fusionné. Ils n'auront qu'un agenda. Medunion urgences n'est pas encore en service, il est en phase de test et surtout de négociation avec les pouvoirs publics. A la clé, l'un des buts est de désengorger les services d'urgences qui n'en peuvent plus. On démarre en Auvergne Rhône-Alpes, mais on est actuellement en discussion avec l'ensemble des URPS de France pour mutualiser les outils que nous produisons pour qu'ils puissent servir à d'autres régions sans qu'on ait à réinventer l'eau chaude. Ce sera une structure associative qui associera les URPS et qui portera les outils en région. Pourquoi était-ce important qu'il n'y ait pas de finalité commerciale dans votre démarche ? Essentiellement pour des raisons éthiques. Nous voulons absolument respecter la déontologie, qu'il n'y ait pas d'exploitation des données. Sur le plan éthique, peu le savent, mais rien que le seul fait de savoir que tel patient a rendez-vous avec tel médecin, c'est une donnée couverte par le secret professionnel. Exploiter les données dans le dos des producteurs, c'est totalement contraire à l'éthique. En plus, ces agendas, très rapidement, gèrent des données supplémentaires : le motif de la consultation, la fréquence des rendez-vous…
Ce qui nous inquiète, c'est l'exploitation commerciale et la transgression de la législation. La législation s'est encore durcie avec l'entrée en vigueur du RGPD depuis le mois de mai. L'Ordre recommence à s'intéresser à ces solutions. Il y a eu une période de grande anarchie au niveau de ces agendas. D'ailleurs on va la revivre avec la téléconsultation. On voit des solutions de téléconsultation qui émergent tous les jours. On a une législation, il faut qu'elle soit respectée. Comment expliquez-vous que les médecins aient mis tant de temps à créer leur propre outil ? Sans doute parce que ce sont des gens très occupés. Et puis ce ne sont pas des commerciaux. Au niveau des coûts de revient, si Doctolib est plus cher que d'autres outils, c'est parce qu'ils font payer à l'utilisateur le déploiement commercial. Ils ont un déploiement commercial agressif, ils ont embauché beaucoup de gens pour prendre un maximum de parts de marché mais ça a un coût. Nous, nous comptons sur les médecins pour déployer leurs outils, les utiliser, avec un coût de revient minimum, sans véritable marge bénéficiaire. Les coûts se limitent aux coûts de développement, d'hébergement HADS et d'aide à la connexion pour les cabinets de groupe par exemple. On a un service d'assistance en direct, par prise de poste pour aider à l'installation. Comment a été reçu le projet chez les médecins ? L'accueil est très favorable. Ceux qui en ont entendu parler avant que ce soit en ligne étaient très impatients. Il y avait une forte attente du côté des médecins. Ce sont des outils qui, dans la pratique actuelle, sont importants. Ils n'ont plus les moyens d'avoir une secrétaire en présentiel, le secrétariat en ligne a ses limites, gérer soi-même c'est très chronophage. Donc c'est une solution attendue. Et le côté éthique de notre démarche renforce l'adhésion des médecins.
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