"Pr Buzyn, confierez-vous vos proches à des infirmiers aux pratiques avancées?"
Pour rendre du temps médical aux médecins, Agnès Buzyn va donner de nouvelles compétences aux infirmiers. Alors qu’un projet de décret a récemment été rendu public, les médecins s’alarment de cette petite révolution comme en témoignent vos nombreuses réactions.
Les faits : « Le temps médical sera d’autant plus précieux que la situation sera tendue sur le plan démographique », rappelait récemment Agnès Buzyn dans une interview publiée sur Egora. « Dans ce contexte, les pratiques avancées, notamment la pratique avancée infirmière, représentent une démarche porteuse d’un important potentiel, pour libérer du temps médical. Mais également pour améliorer la prise en charge des patients comme pour offrir de nouvelles perspectives d’évolution de carrière à certains infirmiers. » Selon les projets de textes réglementaires présentés par le gouvernement, l'infirmière de pratiques avancées exercera au sein d'une équipe de soins primaires "coordonnée par le médecin traitant", au sein d'une équipe de soins en établissement ou "en assistance d'un médecin spécialiste" en ambulatoire. Elle "participe" à la prise en charge du patient au sein du "parcours de soins" "dont la conduite diagnostique et les choix thérapeutiques sont définis par le médecin". En savoir plus sur le projet de décret Si vous réactions témoignent d’une grande inquiétude, notre sondage montre que vous êtes partagés sur le fait que ces IPA pourraient vous rendre du temps médical. Vos réactions :
Par latifa_P_1 Pratiques avancées = en marche à reculons "Ses "domaines d'intervention" : les "pathologies chroniques stabilisées, notamment...pour la prise en charge des personnes âgées" (AVC, artériopathie chronique, cardiopathie maladies coronaires, diabètes de type 1 et2, insuffisance respiratoire chronique, maladie d'Alzheimer et autres démences, maladie de Parkinson, épilepsie), oncologie, transplantation rénale, santé mentale et psychiatrie." Bref des maladies chroniques, que des pathologies "simples", isolées, bien équilibrées, chez des patients observants... mais qui peuvent décompenser. Que croyez-vous ? Dans l'équipe Buzyn, on est des malins ! On a tout prévu pour appeler "le médecin traitant" au secours pour sauver le patient qu'il n'a pas vu depuis plusieurs mois si ce n'est pas depuis des années parce que suivi par une infirmière. Si je comprends bien, ces patients aux pathologies chroniques n'ont pas le droit de faire des pathologies aiguës ; de là à déduire qu'un bon diabétique ne doit présenter que des douleurs typiques d'IDM... Ah, ces pathologies chroniques, qui coûtent cher à la sécu, avec des patients qui n'en finissent plus d'être malades ! On voudrait s'en débarrasser (de ces malades chroniques), on ne s'y prendrait pas autrement ! Une fois dans la "case" maladie chronique, le patient ne peut plus en sortir sauf décompensation dramatique ou quand c'est trop tard. C'est oublier que tout le rôle du médecin et de la médecine, c'est d'anticiper et d'éviter de tels drames. La belle idée de remplacer des médecins par des infirmières, c'est insultant aussi bien pour les médecins que pour les infirmières ! Pour les médecins, c'est leur dire qu'ils sont trop bêtes de faire 10 ans d'études de médecine pour faire ce que des infirmières seront supposées faire après seulement 3 à 5 ans d'études d'infirmières. Pour les infirmières, c'est leur dire que le beau métier qu'elles exercent déjà n'a pas assez de valeur ni assez d'importance. Parler de "pratiques avancées" en détruisant ce qui fait l'âme de chaque métier, c'est mentir honteusement sur ce qui est en réalité un nivellement par le bas, une marche à reculons en quelque sorte. Comment peut-on jouer sur les mots et faire des raisonnements aussi simplistes ? Et moi qui croyais que notre ministre de la santé était médecin ? Si c'est le cas, "les yeux dans les yeux", Professeur Buzyn, confierez-vous la santé de vos proches à des infirmiers aux pratiques avancées ? Que les syndicats des infirmières se rassurent, la médecine aussi est une profession qui se féminise; elles ne seront pas "sous le joug de l'homme médecin". Quant aux femmes médecins, il y en a au moins une parmi elles qui n'acceptera jamais d'assumer les responsabilités et les conséquences d'ACTES MEDICAUX faits par une infirmière. Je sais que cela se fait à l'hôpital dans certaines conditions et pour des actes limités et répétitifs mais en médecine de ville, c'est une autre histoire. Si ces infirmières sont aussi compétentes pour faire le métier du médecin, pourquoi n'ont-elles pas fait des études de médecine ? Le pire dans cette histoire, c'est que ce ne sont pas les infirmières les plus douées ou les plus expérimentées qui vont se lancer dans cette aventure et assumer les conséquences de leurs actes. Or, la médecine, c'est un peu comme la conduite automobile, c'est quand les jeunes conducteurs croient savoir bien conduire qu'ils perdent toute prudence et deviennent dangereux. Avec les pratiques avancées, plus vite beaucoup de trépassés !
par SAU Ce sont l’évolution de vos pratiques qui nivellent vers le bas. Qu’est devenu l’examen clinique et en particulier l’interrogatoire ?! Cette réforme vous permettrait de prendre du temps avec votre patient, être mieux payé c'est-à-dire au niveau d’un véritable acte médical et donc de justifier la spécificité de MG qui a été reconnue. Sur le fond de quoi avez-vous peur ? Osez demander l’avis de ceux qui dépendent de vos prescriptions ils et elles ont bien cerné votre problème mais toute vérité n’est pas bonne à entendre (un œil observateur extérieur est bien plus averti). Pour faire bouger le corps que vous représentez que le statut et le pouvoir aveugle (comme bien d’autres actuellement) Pas de vagues !!! (…) C'est le défi de la confiance et du service qui est en jeu, pour moi seul moyen de sortir de cette situation qui nous conduit inexorablement vers l'échec de tout ce qui s'est fait jusqu'à aujourd'hui (et demain). Reconnaissez que le meilleur des traitements est celui qui suit le parfait diagnostic, pour cela seul un dialogue véritable sans parti pris et mauvaise foi peut confirmer le diagnostic. Je pense aussi que le problème est franco-français et touche tous les corporatismes et les institutions puisqu'il n'a pas été possible de vraiment réformer jusqu'à aujourd'hui ce qui engendre encore plus de doute entre partenaires et surtout des peurs (liées aux pouvoirs pour les uns et de se" faire avoir" pour les autres !) NB : pour le pouvoir il me semble que les médecins ont toujours été présents que ce soit à droite et ou à gauche. Mais je me répète ce sont toutes les institutions qui sont concernées.
Par Gaïa Je vous signale que dans les tuyaux de l'Education Nationale, il y a le Doctorat pour l'infirmière (puisqu'elle aura un Master 2, elle pourra faire un Doctorat), qui ne sera plus "sujette" au médecin. De là à le remplacer, il n'y aura qu'un pas. Et surtout, elle n'aura plus à suivre ses prescriptions. Elle sera son égale. La porte sera ouverte à toutes les dérives. Je précise que la phrase "Et surtout, elle n'aura plus à suivre ses prescriptions" et "n'aura plus de lien de sujettion", a été prononcée par un des hauts responsables de l'Education Nationale, en présence de hauts responsables du Ministère de la Santé.
Par roccesar J'ai fait une recherche sur Google avec les mots "rôle infirmière usa" et je suis tombé sur un article "Infirmière aux USA, un statut de liberté" paru en 2013 dans la revue Aventi Santé, revue de la Fédération Nationale des Infirmiers. On y apprend qu'il y a 2 types d'infirmières : celles qui peuvent prescrire et celles qui ne le peuvent pas. J'y ai lu deux points importants : 1) "En effet, seules les nurse practitioners, ou infirmières aux pratiques avancées, peuvent prescrire tous les types de médicaments sous la supervision d’un médecin." 2) Il n'y a pas IDE en libéral aux USA. Les malades en villes qui "ont besoin d’une aide ponctuelle, d’injections ou de pansements, se rendent au cabinet de leur médecin traitant. Ce dernier a une ou plusieurs infirmières salariées, chargées de réaliser ces soins". A aucun moment les nurses et les nurses practitioners sont en totale autonomie, dédouanées du contrôle d'un médecin. Le problème est qu'en France, les gouvernements n'ayant eu de cesse de mépriser le monde médical, les honoraires des médecins étant les plus bas du monde, ils sont incapables de salarier des infirmières. SI nous étions rémunérés à notre juste valeur, ce débat n'aurait pas lieu.
Par sebg Je suis un peu étonné par la réaction que suscite un tel ballon d'essai...... Personnellement, je suis tranquille et sûr d'une chose : une infirmière ne me remplacera jamais (pas pour tout en tout cas) … Mes confrères sous-estimeraient donc la technicité de leurs compétences ? Je m'exprime aussi d'une zone sous médicalisée où je serais heureux de voir disparaitre la bobologie qui me fait perdre du temps. Faut-il alors le cas échéant que nous soyons traités à notre juste valeur !!!
Par LEONIE Si les infirmières veulent jouer le rôle de médecin généraliste, il faut s'inscrire en faculté de médecine et passer le diplôme. Je refuse d'avoir en plus à surveiller que mes prescriptions ne sont pas changées dans mon dos. La responsabilité est énorme. Je me souviens que lorsque j'étais médecin d'ambassade en Afrique, j'ai découvert que l'infirmière prescrivait et signait de mon nom. Je lui ai bien signifié que c'est peut-être une pratique courante en Afrique mais que je me dédouanais complètement et qu'elle agissait à ses risques et périls. Je refuse de voir ma profession dépouillée aux profits d'autres professionnels, chacun à sa place. Dans quelques années on risque en plus de ne plus savoir à qui on a affaire. Les patients croient voir un pédiatre, quand ils vont voir un médecin de PMI, ce qui n'est presque jamais le cas. Ils croient voir un médecin quand ils consultent une "nutritionniste", ce qui n'est pas toujours le cas. Et bientôt ils croiront voir une généraliste alors que ce sera une infirmière... Les infirmières ont déjà assez à faire avec leur travail.
Par FLYING J'étais en Angleterre au début des années 90 ans. 30 ans que les infirmières sont spécialisées dans les cabinets médicaux. Elles font le suivi du diabète les vaccinations la croissance des enfants etc. Le médecin a un rôle de superviseur de décideur. Il est rémunéré en fonction. Il n’est pas payé 25 € la consultation mais au moins 3 fois plus. Il ne fait pas 50 actes par jours mais une vingtaine et croyez-moi ils ont la belle vie. Les médecins britanniques sont déjà préparés à l’entrée du 21ème siècle avec l’intelligence artificielle qui vous aidera à votre place à faire l’organigramme du diagnostic et du traitement. Ils seront toujours respectés car ils détiennent le savoir du décideur. Quant à nous, nous sommes encore à discuter avec 30 ans de retard de la médecine du 20ème siècle. La médecine a été un art parce que pratiqué par des hommes. Aujourd’hui elle est mécanisée et le sera de plus en plus pour le meilleur et pour le pire.
Par ffzz69 Le but ultime : diminuer les coûts de la santé. On a commencé en baissant le numerus clausus pour créer les déserts médicaux justifiant de former ultérieurement des officiers de santé, et pourquoi pas des chirurgiens-barbiers comme sous la royauté ! La profession médicale s'est fortement féminisée, alors on ne peut dire que les infirmières sont "soumises" aux hommes médecins machos... D'autre part, le bac +5 est une carotte, et le bac+X un mirage : si les décideurs voulaient les payer au prix du médecin, ils ouvriraient les vannes des facultés. Il est évident que la santé est un problème économique pur et que l'humain on s'en tape : les suicides, les "malpractices", les affaires, les urgences en déroute... Politiques et milliardaires ne sont pas touchés : entre les relations avec les professeurs en vue et le choix du privé à l'étranger ils n'ont rien à craindre. La médecine du travail se meurt, les infirmières prennent le relai : voilà ce qui se produira pour les soins. Le fait est que lorsqu'on voit quelqu'un tous les 5 ans et non annuellement, il est difficile d'appréhender les problématiques de santé et l'influence du milieu de travail, d'autant que les gens changent souvent d'employeur et de lieu. Pour les soins on va de toutes façons vers le numérique : je rentre mes symptômes sur Internet et on me conseille tel spécialiste (denrée rare bien sûr) voire les pompes funèbres (non remboursé SS). Le salarié est une variable d'ajustement du profit, pressurable et jetable : pourquoi faudrait-il en plus le soigner ? Enfin, si, un peu pour le profit de l'industrie pharmaceutico-agro-alimentaire (dans des proportions raisonnables et raisonnées selon un équilibre économique). Donc tout est calculé d'avance... ou alors on a toujours élu de sacrés oligophrènes à la tête du pays !
par Yoda Après le titre bienveillant de la part d'Egora : " ces infirmières qui font peur aux médecins" (j'en ai des frissons en bas du dos !) quid des références du sondage venant affirmer que les médecins ont une quelconque peur de ce type d'infirmier ? Après cette entrée en matière, la cerise sur le cupcake a été l'annonce de l'émergence d'un nouvel acteur de santé dénommé : "Super Infirmier" pour que le déluge de réactions épidermo-clinico-condescendantes s'abattent sur le forum comme une mauvaise météo. Bref j'ai parcouru les proses en commentaires, on y va du : " il fallait faire médecine" à " on touche le fond". Bref la fin de la médecine aux yeux de certains vendue à des scélérats. C'est pourquoi une mise au point s'impose, vous êtes prêts ??? (On pose son stétho et on respire :) 1/ Le décret à paraître fait bien la notion d'un IPA Infirmier de pratiques avancées niveau Master 2 coordonné par le médecin, médecin qui reste donc la personne de référence pour le diagnostic médical et la prise en charge du patient. Donc FAUX pour le mythe de l'électron libre voleur de patientèle + CQFD on ne parle pas de 1er recours, donc pour tous ceux qui ont vu autre chose : visiotest en urgence + CS Ophtalmo Secteur 2 (y'à plus d'ophtlamo :) 2/ "Bientôt les infirmières auront des doctorats tu te rends compte Simone, elles seront l'égale du médecin". reFAUX = doctorat d'université et doctorat de médecine sont deux choses différentes. D'ailleurs il faut que j'en parle à mon prof d'histoire qui la dernière fois m'a prescrit une révision de l'histoire de ce bon vieux Flemming et m'à prescrit des quinolones ! (Moi qui lui faisait confiance) 3/ " On touche le fond " Re FAUX: Au contraire , la France mauvaise élève en la matière rattrape son retard de + de 60 ans dans le domaine des pratiques avancées entérinées dans de nombreux pays : NZ/ USA/ CANADA... (ah les voyages forment la jeunesse) et vous savez quoi ? les études cliniques valident ces pratiques et encouragent leur développement en collaboration clinique avec les médecins (meilleur taux de suivi des pathologies chroniques/ biologie améliorée etc..). Mais vous savez la meilleure ? les pratiques avancées peuvent concerner tous les paramédicaux, donc à qui le tour ? fuyons... 4/ Les fameux "officiers de santé" = considéré comme un statut intermédiaire, cet ancien métier historiquement connu n'a rien à voir avec la formation initiale et la formation continue proposée pour les IPA donc la comparaison n'a d'intérêt que pour l'apport d'un brin de nostalgie. 5/ Ultime précision, ces infirmiers seront minoritaires donc, y'à pas de quoi mettre le feu au lac car les Master Français ont une capacité d'accueil bien plus faible qu'ailleurs pour le moment. Quid de la fuite des IPA vers d'autres contrées plus accueillantes ensuite ? 6/ Ces infirmiers feront des diagnostics infirmiers comme partout dans le monde (encore guide du routard pour ceux qui sont perdus) et feront des examens cliniques (ou lonely planet). 7/ Enfin et je terminerai par un conseil de prévention : pour vos prochaines vacances, attention si vous vous faites un bobo dans un pays sous développé NZ/Australie/Canada/Uk... Faites attention vous pourriez être ausculté et examiné par un ou une IPA, qui vous fera une bio, prescrira une radio et vous dira que tout va bien. Donc restons vigilants. Un infirmier pour vous servir :) Messieurs, dames. Bonne soirée
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