Maltraitance en stage : ces étudiants infirmiers qui claquent la porte
Parmi l’ensemble des élèves en soins infirmiers qui ont fait leur rentrée en 2019, seuls 60,9% d’entre eux ont finalement obtenu leur diplôme en 2022. C’est ce que montre une enquête menée auprès de 152 Instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi), soit près de 45 000 élèves, par le Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec).
Une partie des élèves ne sont pas diplômés au terme des 3 ans en raison d’un redoublement, mais une autre part encore plus conséquente a "suspendu" la formation. Derrière ces suspensions on trouve des abandons, des interruptions et des exclusions temporaires ou définitives, détaille le Cefiec.
L’essentiel de cette déperdition est lié à des abandons consécutifs et notamment à des traumatismes subis par les étudiants lors des stages qui jalonnent leur apprentissage. "C’est le souci numéro un pointé par ceux qui ont jeté l’éponge ou qui veulent arrêter", affirme Manon Morel, la présidente de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi), interrogée par La Montagne.
"Tous les jours, on me rabaissait. Je n’avais pas le droit de manger avec l’équipe. Ils me laissaient toute seule pour faire des soins que je n’avais jamais faits, avec des patients qui souffraient, en mode 'Faut bien que t’apprennes !'. J’allais au travail avec la boule au ventre et je pleurais tous les soirs. Ça a duré cinq semaines… ", raconte-elle au sujet de son premier stage.
"Cette maltraitance institutionnelle, conséquence directe du manque de moyens et d’un système défaillant, est une réalité", explique Manon Morel. Dans d’autres cas, le harcelé devient le harceleur : les titulaires reproduisent le schéma qu’ils ont eux-mêmes vécu pendant leurs stages. "C’est le comble pour une formation qui se veut humaine et bienveillante", déplore la présidente de la Fnesi.
Au regard de ces résultats, le Cefiec formule plusieurs propositions pour mieux accompagner les étudiants au cours de leur formation, notamment professionnaliser et valoriser le tutorat, mieux accompagner la vie étudiante et lutter contre la précarité des étudiants.
[Avec Cefiec et lamontagne.fr]
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