C’est une affaire hors norme par le nombre de ses victimes. Ce jeudi 13 octobre, trois ans après son interpellation, l’ex-chirurgien digestif Joël Le Scouarnec a été mis en examen pour viols et agressions sexuelles sur 312 personnes, principalement sur des victimes mineures. Il avait été extrait de sa maison d’arrêt de Saintes et placé en garde à vue mardi matin. Il s’agit du second volet de l’affaire le concernant. Dans le premier volet de l’affaire, le septuagénaire est accusé de viols sur mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité, agressions sexuelles et exhibition sexuelle" sur quatre jeunes victimes entre 1989 et 2017. Alors que l’enquête a été monumentale de par le nombre des plaintes et victimes potentielles, le procureur de Lorient a pour la première fois fait un point complet sur l’affaire. "Au terme de l'enquête préliminaire, en effet, le parquet de Lorient était en mesure de retenir ces 312 victimes sur les 343 identifiables", a dit le procureur. Il précise que 26 situations apparaissaient "définitivement prescrites" et cinq autres "impossibles à suffisamment caractériser". L’âge moyen des victimes est de 11 ans. 164 sont de sexe masculin et 148 de sexe féminin. "298 étaient âgées de moins de 20 ans lors des faits en cause, dont 265, de moins de 15 ans. 107 faits sont susceptibles de recevoir une qualification criminelle de viol aggravé", a précisé le procureur et 205 faits ont "une qualification délictuelle d'agression sexuelle aggravée".
Une information judiciaire a également été ouverte pour viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans commis entre 1986 et 2014 par l'ex-chirurgien dans différents établissements de France. Les victimes présumées étaient "pour la plupart, en état d'endormissement, induit par des substances anesthésiques, ainsi que par les sédations et autres traitements médicalement appliqués ou bien par la fatigue ou la douleur", a-t-il aussi rappelé. Enfin, une enquête préliminaire a été ouverte contre X du "chef d'abstention volontaire d'empêcher des crimes ou délits contre l'intégrité physique": elle doit déterminer si des tiers auraient pu être au courant des actions du chirurgien et se seraient abstenus de les dénoncer.
Par ailleurs, lors des investigations menées par la police au début de l’année, des “carnets noirs” avaient été saisis dans lequel l’ex-praticien relatait en détail ses actes. hier, le procureur a révélé qu’il s'agissait en fait de “tableaux et notes à l'ordinateur". Le tout allant de "quelques lignes" et "jusqu'à certains paragraphes, élaborés et circonstanciés, riches de détails difficilement supportables". A l'issue de son audition, Joël Le Scouarnec "s'est montré plutôt distant et détaché, se retranchant non pas dans un déni, mais dans une absence alléguée -d'aucuns pourraient dire opportune- de souvenirs", a dit le procureur. "Il a tout de même fini par concéder certains faits, tout en concluant -suivant un degré d'authenticité qui restera à évaluer, dans le cadre de l'information- qu'il regretterait le mal qu'il aurait pu causer", a-t-il ajouté. [avec AFP]
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