C'est un pédiatre du CHU de Rouen qui a sonné l'alerte. En février 2019, le médecin prend en charge un bébé de 11 mois aux urgences pédiatriques et réalise que l'enfant n'a encore reçu aucun des 11 vaccins obligatoires.
Les parents lui présentent un certificat de contre-indication générale aux vaccinations, établi trois semaines plus tôt par un généraliste de La Londe. Le praticien évoque des "accidents possibles et non référencés" en cas de vaccination, dont il "refuse d'assumer la responsabilité". "Cet enfant est indemne de maladie contagieuse et apte à la vie en collectivité", assure-t-il.
Suite au signalement du pédiatre du CHU, le praticien est mis en cause par l'Ordre pour "plusieurs manquements fautifs constitués par une attitude de non-respect des obligations vaccinales". L'instance estime qu'en refusant de vacciner la fillette il a "mis potentiellement l'enfant en danger ainsi que son entourage".
Pour sa défense, le généraliste, qui n'exerce plus, met en avant les réticences auxquelles il fait face depuis l'extension de l'obligation vaccinale pédiatrique. Il dit avoir tenté de convaincre les parents du bébé, en vain. Il justifie son certificat de contre-indication par deux antécédents familiaux qui seraient liés au vaccin contre l'hépatite B : une neuropathie dans la famille de la mère et une sclérose en plaques chez un oncle paternel.
Un principe de précaution "poussé à l'extrême", juge l'Ordre. Le praticien admet que son certificat de contre-indication n'aurait dû porter que sur le vaccin hépatite B.
Dans une décision rendue le 12 mars, la chambre disciplinaire du conseil régional de l'Ordre a prononcé la peine la plus lourde : trois ans d'interdiction d'exercice. La sanction prendra effet le 14 juin.
[avec Paris-Normandie.fr]
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