C’est la troisième femme à porter plainte pour viol contre le Pr Emile Daraï, grand spécialiste de l’endométriose à l’hôpital Tenon (Paris). Le médecin, chef de service gynécologie-obstétrique, est, depuis deux semaines, au cœur d’un scandale sur ses pratiques, accusé de violences gynécologiques et de pénétrations violentes sous couvert de pratique médicale.
Nos confrères du Parisien révèlent, ce lundi, le témoignage de la troisième femme ayant saisi la justice. Âgée de 39 ans, cette victime présumée est atteinte d’une forme sévère d’endométriose. Après plusieurs années d'errance médicale, elle avait décidé de se tourner vers le Pr Daraï, espérant pouvoir être prise en charge efficacement. Mais le jour du premier rendez-vous, celle-ci affirme qu’il aurait fait preuve d’une grande brutalité. “Une interne m’appelle par mon nom et je rentre dans le cabinet. Le Pr Daraï est assis à son bureau. Personne ne me dit bonjour. Au bout d’un moment, il lève les yeux vers moi, je me présente et il me lance : Déshabillez-vous, on parlera après (...) Je lui présente les résultats de l’échographie demandée, mais il me rétorque : Ce sont mes doigts qui font le diagnostic. C’était vulgaire, archaïque et pathétique”, confie-t-elle d’abord.
Puis au moment de l'examen, elle indique que le Pr Daraï lui aurait introduit deux doigts dans le vagin sans annonce préalable. Acte très douloureux pour les patientes atteintes d’endométriose, elle assure avoir tenté de plier ses genoux en pleurant, mais le médecin l’aurait repoussée, sans la regarder. “Il ne me regarde même pas. J’ai l’habitude des consultations gynécologiques depuis le temps, d’habitude, le praticien dit : Je vais faire ceci, cela, détendez-vous. Là, mutisme total. Pourquoi, par ailleurs, mettre deux doigts alors que ce type d’examen se pratique avec un seul ?”, dit-elle, en colère. Enfin, le Pr Daraï lui aurait fait subir un toucher rectal sans rien dire.
Traumatisée, elle explique qu’à la fin de l'examen, le “niveau de douleur est atroce”. A tel point qu’elle sera obligée de vomir à la sortie du cabinet dans l’une des poubelles de la cour intérieure de l’hôpital Tenon. Elle souffrira également d'hémorragie pendant plus de trois jours alors qu’elle est en ménopause artificielle, et qu’elle n’a plus ses règles depuis plusieurs années.
“Ce monsieur est peut-être le meilleur expert, mais est-ce que cela donne le droit de vous pénétrer sans consentement ? J’ai le sentiment d’avoir été brutalisée, déshumanisée, d’avoir été traitée comme un objet manipulé. J’ai un sentiment d’indignité. J’ai aussi un sentiment de culpabilité”, confie-t-elle au Parisien. C’est pour cette raison qu’elle a décidé de porter plainte. Elle souhaite que le médecin ne puisse plus prendre en charge de patientes à l’avenir.
L'AP-HP et Sorbonne Université ont annoncé, vendredi 9 octobre, avoir "acté avec le Pr Émile Daraï son retrait de ses responsabilités de chef de service et de responsable pédagogique" le temps de l’enquête.
[avec Le Parisien]
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