"Elle avait la bouche desséchée" : Une femme de 96 ans attend 30 heures aux urgences d’un hôpital

03/11/2021 Par Louise Claereboudt
Urgences
Admise aux urgences du Grand Hôpital de l’Est francilien (Ghef) à Jossigny, mi-octobre, une nonagénaire est restée 30 heures en zone de transit. Son petit-fils, tuteur légal, dénonce une "déshumanisation" et un "abattage" dans le service de l’hôpital.
 

C’est une situation symptomatique de la crise des urgences que rapporte le Parisien. Lundi 18 octobre, Gilberte, 96 ans, est admise aux urgences du Grand Hôpital de l’Est francilien (Ghef) à Jossigny (Seine-et-Marne) pour un épisode de décompensation cardiaque et une baisse de la saturation de son sang en oxygène (elle souffre d’insuffisance respiratoire chronique). Elle y restera plus de 30 heures en zone de transit, dans des conditions déplorables, selon son petit-fils. C’est un personnel de l’Ehpad de Fontenelle à Chanteloup-en-Brie qui prévient son petit-fils, tuteur légal de Gilberte, de son transport aux urgences. Ce dernier tente alors de contacter les admissions du service. Sans succès. "Je ne suis arrivé à avoir personne. Ayant été ambulancier durant douze ans, je sais que, dans le rush, le personnel n’a pas toujours le temps de répondre", raconte le petit-fils de la nonagénaire à nos confrères du Parisien. Il s’y rend aux alentours de 20h. "Je l’ai trouvée sur un brancard en salle d’attente où elle n’avait toujours pas été prise en charge. Elle avait la bouche desséchée avec de la mousse autour des lèvres et elle m’a supplié de lui donner un verre d’eau car elle n’avait pas bu depuis son arrivée. À 21 heures, elle a passé une radio avant d’attendre de nouveau sur son brancard dans un box. Elle baignait dans son urine car sa couche n’avait toujours pas été changée." Contraint de repartir travailler, le quadragénaire laisse sa grand-mère aux urgences et rappelle le lendemain pour prendre de ses nouvelles : là encore, pas de réponse…jusqu’au mercredi. Après une vingtaine de coups de fil, il apprend son transfert dans une clinique privée. A tort, puisque le petit-fils est informé par la suite qu’il y avait eu une "erreur d’étiquetage du dossier" : Gilberte se trouvait toujours aux urgences, selon un cadre de santé.

Pendant cette errance, le petit-fils apprend que Gilberte a perdu ses lunettes et souffre d’une inflammation des glandes salivaires. Il y a une vraie déshumanisation et un abattage aux urgences, victimes de la croissance démographique du secteur. Cet établissement était mon hôpital de secteur lorsque j’étais ambulancier il y a six ans et il commençait déjà être saturé", fustige le quadragénaire dont la grand-mère était toujours hospitalisée mardi, précise le Parisien. Selon le Ghef, contacté par le quotidien, il n’y a pas eu d’erreur d’étiquetage. La patiente aurait été prise en charge dès son arrivée par un infirmier et hospitalisée dans une zone d’hospitalisation de courte durée – proche des urgences - après les premiers examens. Le Ghef insiste également sur l’afflux exceptionnel de patients le 18 octobre : "plus de 265 passages en 24 heures", "le plus grand nombre de passages enregistrés sur une même journée depuis le début de la crise sanitaire". Et ajoute qu’une "réorganisation des professionnels en poste" a été effectuée afin d’augmenter le nombre de personnels aux urgences et de limiter les délais. [avec Le Parisien]

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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