Victime d'un choc septique après 10 heures aux urgences : sa famille porte plainte après avoir reçu anonymement son dossier médical
Lucas, 25 ans, est décédé dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre dernier des suites d'une infection à méningocoque aux urgences d'Hyères (Var). Il avait été admis dans l'après-midi. Sa famille, dossier médical et témoignage d'un voisin de brancard à l'appui, a porté plainte pour homicide involontaire, révèle Médiapart.
Le dossier médical de Lucas, 25 ans, est arrivé à son domicile quelques jours après sa mort, marqué du tampon des urgences d'Hyères. L'envoi, anonyme, révèle l'agonie du jeune homme, décédé d'un choc septique suite à une infection à méningocoque W135.
Tout a commencé le soir du 29 septembre, révèle Mediapart. Lucas souffre de fièvre, de vomissements, de diarrhée et de grosses crampes à l'estomac. Le lendemain après-midi, alors que son état ne s'améliore pas et qu'il fait état de douleurs aux côtes et aux poumons, sa compagne appelle SOS médecins. Dans l'attente, très inquiète, elle appelle le Samu. Le jeune homme fait état de ses douleurs "abominables", qui ne sont pas soulagées par le paracétamol, de son souffle court et de son cœur qui "bat extrêmement fort". Alerté par ces symptômes, le médecin régulateur déclenche les pompiers, qui conduisent le jeune homme aux urgences de l'hôpital d'Hyères, notant son rythme cardiaque élevé, sa tension artérielle basse et ses lèvres bleues. Il est 15h20 et c'est le début d'une interminable attente pour Lucas, dont témoignent les SMS échangés par le vingtenaire et ses proches, par son dossier médical mais aussi par un patient dont le brancard a été placé à côté de Lucas dans un couloir des urgences et qui assistera à ses dernières heures. Ce dernier a été tellement choqué qu'il a écrit par la suite au ministre de la Santé, à l'ARS Paca, au préfet du Var et au procureur de Toulon.
"Il y a eu beaucoup de négligences dans cette histoire : on retranscrit mal le rapport des pompiers, on oublie la moitié des choses. Ensuite, personne ne s'occupe de lui. On le met sur un brancard dans un couloir, il a mal, on l'ignore et c'est dans l'indifférence absolue qu'on lui laisse vivre son calvaire", charge l'avocat de sa famille, Maitre Thomas Callen, au micro de France bleu. Une prise de sang n'est réalisée que 2 heures et demi après son arrivée, et ses résultats tardent. "On ne lui donne le droit de voir un médecin que quatre heures après son arrivée. Ce dernier va l'ausculter une poignée de secondes en s'interrogeant s'il n'a pas fumé, car il a des dreadlocks. Deux heures avant sa mort, un médecin va même mettre dans son dossier médical que la situation à l'hôpital est telle que les gens sont en danger de mort et qu'on ne peut pas s'occuper d'eux."
Dans la soirée, vers 21h30, alors que Lucas n'a bénéficié depuis son arrivée que d'un sérum pour le réhydrater et de doses de glucose, le jeune homme fait un malaise vagal. C'est son voisin de brancard qui alerte les soignants. Sa tension est à 5.3, Lucas est placé en salle de déchocage. Des antibiotiques lui sont administrés à partir de 23 heures. Mais son état se détériore : il fait plusieurs arrêts cardiaques et décède à 2 heures du matin.
"Le lendemain de la mort de Lucas, un médecin du Smur ayant pratiqué un massage cardiaque à Lucas nous a vivement conseillé de récupérer son dossier médical, révèle sa mère à Médiapart. L'un des responsables des urgences nous a quant à lui conseillé de déposer plainte en nous disant que les infirmiers avaient menacé de se mettre en grève suite à ce qui s'était passé."
Cinq membres de la famille de Lucas ont porté plainte pour homicide involontaire contre l'hôpital, son directeur et toute personne ayant "par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité" causé involontairement la mort du jeune homme.
Contactée par Médiapart et par France bleu, la direction de l'établissement s'est gardée de commenter le dossier médical du patient, assurant au site d'investigation qu'elle "collaborerait pleinement à l'enquête".
[avec Mediapart et Francebleu.fr]
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