L'état castriste exploiterait-il les médecins envoyés en mission à l'étranger ? Le 8 mai, des associations ont déposé une plainte devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye (Pays-Bas) contre l'état cubain pour "crimes contre l'Humanité pour des faits d'esclavagisme". Rendue publique ce mardi, cette plainte, signée par la branche cubaine de l'association Prisoners Defenders et l'Union patriotique de Cuba (Unpacu) concerne "les milliers de médecins cubains forcés à participer aux missions de collaboration à l'étranger dans des conditions d'esclavagisme, au bénéfice du gouvernement cubain". Ces praticiens, très qualifiés, ont exercé pendant l'épidémie d'Ebola en Sierra Leone, le tremblement de terre à Haïti. Ils ont également soigné au Venezuela, en Bolivie ou encore en Afrique du Sud.
Alors qu'elles se sont développées ces vingt dernières années, ces missions sont devenues un outil essentiel de la diplomatie cubaine et, avec 8 milliards de dollars (7.1 milliards d'euros) récoltés en 2016, le principal revenu de l'île, loin devant le tourisme. Selon La Havane, environ 50.000 médecins sont encore en mission dans une soixantaine de pays. Pour éviter les désertions, le règlement des missions impose des conditions drastiques de contrôle et de sanctions. S'il décide d'abandonner la mission avant les trois ans réglementaires, le professionnel, qui ne peut pas partir avec sa famille, encourt une peine de trois à huit ans de prison. S'il " déserte", il a l'interdiction de retourner à Cuba pendant huit ans. Cuba confisque jusqu'à 90% du salaire Le document de 350 pages présenté devant la CPI – aussi remis au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme à Genève – détaille d'autres entorses aux droits humains et au droit du travail. Si les médecins ont l'opportunité de pouvoir être rémunérés plusieurs centaines de dollars par mois contre l'équivalent de 35 dollars sur l'île, l'Etat castriste leur confisque entre 70 et 90 % de leur salaire. "C'est normal que l'on travaille un temps pour l'Etat, mais à Cuba, nous sommes débiteurs jusqu'à la fin de nos jours ", s'emporte dans Le Monde Wilson, médecin exilé aux Etats-Unis, après des missions en Haïti et en Afrique, et qui préfère garder l'anonymat par peur des représailles. Par ailleurs, sur place, les professionnels se voient imposer parfois un couvre-feu et ils ne peuvent pas établir de relations personnelles ou sentimentales avec des "locaux" sans l'autorisation du chef de mission. Ils sont également recrutés au moyen de pression politiques et de menaces : refuser de participer aux missions est perçu comme un manque d'engagement révolutionnaire. "Il ne s’agit pas d’actes individuels, isolés ou aléatoires, mais d’actes multiples avec une grande quantité de victimes (…), planifiés, autorisés et exécutés depuis les plus hautes sphères de l’Etat", précise la plainte pour justifier la qualification de "crime contre l’Humanité". Cependant, le bureau du procureur de la CPI a indiqué que la réception de la plainte ne signifiait pas nécessairement l'ouverture d'une enquête. Cuba n'étant pas signataire de la CPI, Unpacu et Prisoners Defenders s'appuient sur le fait que certains de ces faits ont été commis dans des pays ayant ratifiés le statut de Rome. [Avec Le Monde]
La sélection de la rédaction
Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?
François Pl
Non
Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus