Il refuse de considérer "homme" un patient trans : un médecin de Montréal radié pendant trois mois
Les faits remontent au 17 mai 2022. Un patient transgenre se rend chez son médecin. Il lui explique qu’il a entamé depuis près d’un an une transition afin de devenir officiellement un homme, et cherche à se faire prescrire un traitement hormonal.
Lors de la consultation, que le patient enregistre à l’insu du médecin, le ton monte très vite. Alors que le patient indique à plusieurs reprises qu’il est un homme trans, le médecin lui répond : “Oui, ça, c’est dans votre cerveau.” Le patient l’accuse d’avoir des “opinions toutes faites”. À la fin de l’entretien, le patient lui demande le contact d’un de ses confrères afin de poursuivre son suivi médical ailleurs, mais le médecin refuse. Il le chasse de son cabinet, en précisant “ne pas avoir de leçons à recevoir d’une patiente”.
Après la consultation, le patient décide de porter plainte au commissariat, présicant que le médecin a fait preuve de discrimination et d’agressivité à son encontre. Le médecin expert missionné par l’enquête a, en effet, conclu à “un problème au niveau de la qualité de la relation professionnelle et un manque de respect envers le patient”, mais estime qu’il n’y a pas eu de discrimination contre le patient. Ce dernier envoie également une demande d’enquête au Collège des médecins [l’équivalent du Conseil de l’Ordre des médecins en France, NDLR].
Dans un document écrit par le Conseil de discipline du Collège des médecins du Québec [l’équivalent de la chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins en France, NDLR], l’instance reconnaît que le médecin a “peu d’expérience avec les personnes trans et n’assume le suivi médical d’aucun autre patient ayant une identité de genre différente ou non hétérosexuelle”.
Le médecin a reconnu les faits, mais a estimé que “l’attitude du patient, qui se présente au rendez-vous en enregistrant la rencontre et en ayant une certaine méfiance à le consulter [...], dénote au mieux, une problématique ou l’inexistence de la confiance mutuelle nécessaire à la relation professionnelle”. Dans sa décision, l’instance disciplinaire rappelle que “c’est au médecin qu’incombe l’obligation de chercher à établir et à maintenir avec son patient une relation de confiance mutuelle et non à ce dernier”. Elle précise aussi que lorsqu’un patient “estime que son identité de genre ne correspond pas au sexe figurant sur son acte de naissance, il peut demander qu’on le désigne par l’identité qu’il exprime”.
Le Conseil de discipline du Collège des médecins du Québec qui s’est procuré l’enregistrement sonore de la consultation, assure que “rien n’indique que le patient est ‘difficile’”. À l'inverse, elle “soulève des préoccupations au niveau des qualités personnelles” du médecin.
L’instance a condamné le praticien à deux périodes de radiation. Une première de trois mois, puis une seconde de deux mois, à effectuer de manière “concurrente”. Cela signifie qu’au total, le médecin sera suspendu pendant trois mois.
[Avec La Presse]
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