Injections de sérum physiologique : 12 infirmiers sanctionnés par l'Ordre, 52 médecins bientôt jugés
C'est le Conseil national de l'Ordre des médecins qui a donné l'alerte, en novembre 2019 : 307 infirmiers et infirmières figurent sur l'annuaire en ligne de la "Société internationale d'hydrotomie percutanée" (SIHP). Cette pratique de soin non conventionnelle, dérivée de la mésothérapie selon les dires de l'association, consiste à pratiquer des injections locales intradermiques ou sous-cutanées de sérum physiologique avec de grandes dilutions, pour traiter ou soulager - toujours selon l’association- l’arthrose, les lombalgies chroniques ainsi que les cervicalgies. Les injections sont pratiquées sur prescription médicale, par des infirmiers spécifiquement formés (pour un coût d'environ 500 euros). Suite à une plainte adressée à la chambre disciplinaire de première instance de l'Ordre des infirmiers des régions Paca et Corse, 37 Idel sont finalement poursuivis. Il est leur est reproché d'avoir pratiqué une technique non éprouvée par la science, d'en avoir assuré la promotion (au travers de leur inscription dans l'annuaire en ligne) et d'avoir fait courir un risque injustifié aux patients.
Une pratique de soin non "valide", conclut l'Académie de médecine Douze infirmiers, sanctionnés en première instance, ont fait appel de la décision au national. Ils relèvent notamment qu'à la date des faits, l'Académie de médecine n'avait pas encore pris position sur cette technique : ce n'est qu'en octobre 2021 que l'instance diffuse un avis concluant que l’hydrotomie percutanée "est une technique non fondée scientifiquement et non évalué cliniquement". "Ses effets indésirables potentiels ne sont pas documentés. Son usage ne doit pas être reconnu comme une pratique de soin valide", alerte l'Académie. Par ailleurs, les Idel mis en cause arguent qu'ils n'avaient pas conscience qu'en suivant la formation, ils étaient automatiquement intégrés à l'annuaire de l'association. Dans une décision rendue le 11 mai, la chambre disciplinaire du Conseil national de l'Ordre infirmier rejette ces arguments et inflige aux 12 Idel des sanctions allant de l'avertissement à l'interdiction d'exercice durant un mois. D'une manière générale, lorsque les infirmiers sont confrontés à des pratiques de soin nouvelles, il leur appartient "de faire preuve d'esprit de discernement" et d'un "devoir de prudence", même si les soins sont demandés par un médecin, souligne la chambre disciplinaire. La décision demande également à l'ONI de diffuser "une mise en garde à tout infirmier" sur la pratique, les invitant "à cesser sans délai toute participation à ces actes sous quelque forme que ce soit". Dans cette affaire, un second volet va bientôt s'ouvrir, informe Le Parisien. 52 médecins sont en effet poursuivis par l'ordre et seront jugés, à Marseille, en première instance, début juin. Parmi eux, le Dr Bernard Guez, généraliste de 69 ans, qui a mis au point la technique et l'a diffusée au travers de la SIPH. [avec AFP et LeParisien.fr]
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