"Je me rends compte que je me suis totalement égaré dans une démarche inepte et déplacée qui a légitimement offensé ceux que j'avais eu l'honneur de soigner : les victimes d'attentats", écrit ce lundi le chirurgien orthopédique de l'Hôpital européen George-Pompidou (HEGP), après que Médiapart a révélé, ce samedi, qu’il avait mis en vente la radio d’une blessée de l’attentat du Bataclan, qui a eu lieu le 13 novembre 2015, qu’il avait opérée. Selon le média, le PU-PH est en effet à l’origine de la mise en vente sur la plateforme OpenSea d’une '"œuvre" ayant pour titre "Bataclan terrorist attack – November 2013, 2015 – Paris, France" pour la somme de 2776,70 dollars. Il s’agit en réalité de la radiographie d’une "jeune femme", sur laquelle peut être observée "une fracture ouverte de l'avant-bras gauche avec une balle restante de Kalachnikov dans les tissus mous". Contacté par Médiapart, le chirurgien a reconnu avoir mis en vente ce cliché radiographique sans l’accord de la patiente et de l’AP-HP, expliquant avoir voulu faire une "expérience", utilisant le crypto-art "dans une vocation pédagogique, pour intéresser les gens". Dans une lettre ouverte publiée sur ses réseaux sociaux, le praticien parisien dit regretter "amèrement" cette "erreur grossière". Il assure avoir détruit "l’œuvre en question" moins de 48 heures après sa mise en ligne sur la plateforme OpenSea. "Nul n'a pu et ne pourra s'en porter acquéreur et je n'en ai retiré aucun profit", assure-t-il, adressant ses excuses aux rescapés des attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts et dont le procès doit se poursuivre jusqu’en mai.
Sincèrement,
Emmanuel Masmejean. pic.twitter.com/gzKjEPpg7Z— EHM (@EHMasmejean) January 23, 2022
Aussitôt après ces révélations dans la presse, le directeur général de l'AP-HP, Martin Hirsch, a dénoncé un "acte scandaleux", "contraire à la déontologie" et un "comportement odieux" dans un message adressé au personnel qu’il a également diffusé sur Twitter. "Nous considérons qu'il est d'une gravité exceptionnelle", écrit-il, précisant que l'AP-HP allait saisir l'Ordre "conjointement avec l'université", signaler les faits à la justice "en application de l'article 40 du code pénal" et "saisir les ministres qui disposent du pouvoir disciplinaire". Frédérique Calandra, déléguée interministérielle à l'Aide aux victimes auprès du Garde des sceaux, a également fait savoir sur Twitter qu'elle allait "saisir l'ordre des médecins". Des associations de victimes ont, elles aussi, dénoncé "la bêtise et la cupidité" du médecin. Par ailleurs, l’avocate de la victime, qui est "extrêmement choquée", a dénoncé, dans un communiqué transmis à l’AFP, la "démarche mercantile" et "le mépris" du praticien. "Ce médecin, non content de violer le secret médical de cette patiente, a jugé bon de décrire sur le site de vente en ligne la vie privée de cette jeune femme, la rendant ainsi parfaitement identifiable", écrit Me Elodie Abraham. Il ne "semble pas avoir pris la mesure de son acte puisqu'il n'a pas hésité à prendre contact dimanche avec la victime, pour se justifier sans manifester le moindre regret, ni la moindre empathie à son égard." L’avocate a ajouté que "la victime fait confiance aux institutions et autorités compétentes pour engager toutes poursuites tant disciplinaires que pénales afin que de tels actes ne soient plus envisageables à l'avenir" et précisé que cette dernière se réservait "la liberté de s'associer à ces procédures". Dans sa lettre ouverte, le praticien mis en cause déclare que "soigner dans le cadre du service public hospitalier est toute [sa vie] et qu’[il] souhaite pouvoir continuer à servir cette vocation". [avec AFP]
La sélection de la rédaction
Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?
Stéphanie Beaujouan
Non
Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus