Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a ordonné lundi une nouvelle expertise médicale de l'état de santé de Vincent Lambert, patient tétraplégique en état végétatif depuis 2008, après le désistement récent des trois experts qu'il avait lui-même nommés.
Depuis cinq ans, les parents, une sœur et un frère de Vincent Lambert contestent en justice l'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation artificielles de leur proche qu'ils considèrent comme "handicapé". Le 9 avril, une quatrième procédure d'arrêt des soins a été décidée de façon collégiale par le CHU de Reims. Mais après plusieurs recours et une expertise suspendue fin mai, le collège de trois médecins nommés par le tribunal administratif pour établir "le tableau clinique" du patient s'est désisté le 14 juin, invoquant des "tentatives de manipulation" et "les critiques diverses" dont ils étaient l'objet. Il sera procédé à une nouvelle "expertise confiée à un collège de médecins désignés par le président du tribunal", et "l'examen du patient s'effectuera hors de la présence des parties", a indiqué lundi le tribunal dans l'ordonnance dont l'AFP a obtenu copie. "Celles-ci pourront être représentées par des médecins qui "seront limités à un praticien pour l'ensemble des requérants et un praticien pour chacun des défendeurs, soit un total maximum de quatre médecins", a ajouté le tribunal. Les délais pour la nomination des experts et le rendu de leur rapport n'ont pas été précisés. "C'est une bonne décision, le tribunal confirme que cette mesure d'expertise est nécessaire pour prendre une décision à terme", s'est réjoui Me Jean Paillot, avocat des parents de Vincent Lambert, auprès de l'AFP. "Mais il faut des experts ayant la compétence suffisante" et que "Vincent soit placé provisoirement dans un établissement adapté pour que l'expertise puisse avoir lieu dans les meilleures conditions", a-t-il dit. "Je pense que le tribunal essaie de mettre les parents devant le fait accompli, mais c'est perdu d'avance", a pour sa part déploré auprès de l'AFP François Lambert, neveu du patient et favorable à un arrêt des traitements qu'il juge conforme au principe d'"obstination déraisonnable". "Il n'y a aucun patient sur lequel on s'acharne autant, ça continue depuis 2014, on fait comme si la décision était réversible", a-t-il estimé. La dernière expertise aboutie, demandée par le Conseil d'Etat en 2014, avait établi un pronostic clinique "mauvais" du patient, aux lésions cérébrales jugées "irréversibles". Et la Cour européenne des droits de l'Homme avait estimé l'année suivante que l'arrêt des soins ne violerait pas le droit à la vie. [Avec l'AFP]
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