La justice administrative a ordonné vendredi une nouvelle expertise médicale de Vincent Lambert, hospitalisé dans un état végétatif depuis 2008, avant de statuer sur un éventuel arrêt des soins. Cette expertise permettra au tribunal administratif de Châlons-en-Champagne de se prononcer "définitivement" sur l'arrêt des traitements décidé par le CHU de Reims (Marne) le 9 avril, au terme d'une procédure collégiale de cinq mois. Les parents de Vincent Lambert, une soeur et un demi-frère, avaient déposé mardi un recours en référé libertés pour interdire cet arrêt, consistant à stopper l'alimentation et l'hydratation artificielles du patient, placé sous sédation profonde et continue. Le tribunal "a estimé nécessaire, pour statuer sur le bien-fondé de leur requête, d'avoir recours à une expertise qui devra déterminer si le tableau clinique que présente Vincent Lambert a évolué depuis 2014, date de la dernière expertise réalisée par le Conseil d'Etat. "Ce n'est pas une victoire définitive car tout dépendra de l'expertise mais c'est une première et grande victoire", a réagi Me Jean Paillot, l'un des avocats des parents, saluant "une mesure de prudence" de la justice et "un désaveu" du Dr Sanchez. Au terme d'une nouvelle procédure collégiale - la quatrième en cinq ans - celui-ci avait décidé de l'arrêt des soins en vertu de "l'obstination déraisonnable" faite au patient, devenu "un corps souffrant", selon ses observations. Mais ses parents, catholiques fermement opposés à l'euthanasie passive, n'ont eu de cesse de déclarer ce médecin gériatre "incompétent" à juger du sort de leur fils tétraplégique, ancien infirmier de 41 ans victime d'un accident de la route.
A leurs yeux, il est "handicapé" mais peut être rééduqué car il est capable d'émettre des vocalises, de déglutir et de communiquer avec les siens, assurent-ils, brandissant deux vidéos sur son lit d'hôpital, prises en 2015 et en avril 2018 et dont le tribunal administratif a eu connaissance. La santé de Vincent Lambert "a évolué favorablement : on ne peut plus dire qu'il est en état végétatif comme le collège d'experts devant le Conseil d'Etat l'avait prétendu" en 2014, a estimé Me Paillot. A plusieurs reprises pourtant, des médecins ont fait "le constat du caractère incurable des lésions", de "l'altération de l'état de santé général" et de "la totale dépendance" de Vincent Lambert, avait rappelé jeudi à l'audience Me Pierre Desmarais, l'avocat du CHU. Pour tenter de clore ce débat, un collège de trois médecins qualifiés "soit en neurologie, soit en médecine physique et de réadaptation" sera nommé prochainement par le tribunal. Il aura ensuite un mois pour dresser l'état réel de santé. [Avec AFP]
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