Patients en CMU : 44% de refus chez les gynécos les plus chics de Paris

16/03/2018 Par Fanny Napolier
Patients

Dans les quartiers les plus chics de Paris, l'accès aux soins est aussi un défi. Surtout pour les bénéficiaires de la CMU. Le journal en ligne Streetpress a mené un testing auprès de 141 gynécologues des quatre arrondissements les plus riches de la capitale. Les résultats sont parlants.

C'est une mésaventure vécue par une patiente en CMU lors d'une visite chez une gynécologue du 16ème arrondissement de Paris qui a donné l'idée à Streetpress de faire un testing. Le journal en ligne a mené une enquête auprès de 141 gynécologues des 6ème, 7ème, 8ème et 16ème arrondissements de la capitale. Ces quatre arrondissements ont le revenu médian le plus élevé de Paris. A partir des Pages Jaunes, les journalistes de Streetpress ont cherché à prendre rendez-vous en précisant être bénéficiaire de la CMU. Si la CMU n'était pas explicitement mentionnée comme motif de refus, les journalistes ont passé un autre appel sans déclarer en être bénéficiaire.

Et voilà leurs résultats : sur les 141 médecins contactés, 57 ont refusé de donner un rendez-vous, 71 ont accepté et 13 n'ont pas répondu. Soit 44,5% de refus parmi les répondants. C'est dans le 8ème arrondissement qu'il a été le plus difficile d'obtenir un rendez-vous, avec 48,4% de refus, suivi du 16ème, du 7ème et du 6ème (31,3% de refus dans cet arrondissement). "À titre de comparaison, les 13 gynécologues du 18ème arrondissement, l’un des plus pauvres de Paris, ont accepté de nous filer un rendez-vous", précise le journal. Quant aux motifs de refus, la panoplie est variée. Certains médecins rient ouvertement quand la CMU est mentionnée, d'autres justifient par la paperasse, les problèmes de télétransmission. Un médecin répond qu'il est "trop vieux pour ça". "Je refuse de vendre mes compétences à un tarif qui dévalue mes 40 ans de métier et mes 10 ans d’études. Et quand on voit des patientes arriver en Ferrari qui par la suite nous disent bénéficier de la CMU, c’est une honte. On devrait surveiller davantage à qui on l’accorde", répond une gynécologue. En 2017, rappelle Streetpress, 12 médecins qui avaient affiché sur Doctolib une note spécifiant "pas de CMU" ont fait l'objet d'une plainte. Plusieurs associations, dont France Assos Santé, ont saisi le Défenseur des droits. L’affaire est toujours en cours. [Avec Streetpress.fr]

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