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Crédit photo Egora

Agnès Buzyn lance un think tank pour "remettre la science au cœur du débat public"

L'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé, ce mardi 11 mars, le lancement de son think tank, Evidences. L'objectif : remettre la science au centre du débat public, dans un contexte de montée du complotisme et de l'obscurantisme. 

12/03/2025 Par Louise Claereboudt
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Crédit photo Egora

"Que la science soit vue par tous comme une priorité nationale." Tel est l'objectif de l'institut Evidences, lancé ce mardi 11 mars par Agnès Buzyn. Ce think tank sera "un médiateur entre le monde scientifique, les mondes politique, médiatique et institutionnel", explique l'ancienne ministre de la Santé dans un entretien accordé à L'Express. Et d'ajouter : "Avec nos membres, des personnalités de la société civile, nous allons apporter, sur la base d’enquêtes et de données probantes, des argumentaires pour pousser l’investissement dans la recherche, la valorisation des métiers scientifiques, l’éducation à l’esprit critique, la place de l’expertise et de la rationalité dans la construction des politiques publiques et, surtout, mettre en lumière les liens étroits entre démarche scientifique et démocratie."

Le défi est grand. Car "la France et l’Union européenne perdent en souveraineté du fait d’un investissement insuffisant dans la recherche et l’innovation, la démarche scientifique elle-même demeure mal connue et mal comprise par une large part de la population, le monde politique reste assez déconnecté des enjeux scientifiques, déplore l'ancienne locataire de l'avenue de Ségur, qui avait quitté son poste en février 2020 pour se présenter aux élections municipales à Paris. Voyez le dernier budget français de la recherche, amputé de plusieurs centaines de millions d’euros : c’est énorme ! Les chercheurs se rebellent, mais c’est tout le pays qui devrait manifester son opposition à ces coupes qui mettent en péril notre capacité à innover, et donc l’avenir de nos enfants."

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Ce qui se passe outre-Atlantique, avec l'administration Trump qui procède notamment à de multiples coupes de personnels ou de financements dans les agences sanitaires fédérales, doit alerter la France et l'Europe. "Ces attaques contre la science vont profondément fragiliser le débat politique américain. Le déni de certains sujets comme le changement climatique ou les spécificités de la santé des femmes, ces nombreux mots que les scientifiques n’ont plus le droit d’utiliser, représentent un signe avant-coureur d’absence de liberté d’expression", met en garde Agnès Buzyn, pour qui il s'agit d'un "premier pas vers un régime illibéral".

Pour l'hématologue, il est aujourd'hui urgent de replacer la science au cœur du débat public afin d'éviter que les dérives complotistes et obscurantistes ne se propagent : "Il faut occuper le terrain et ne rien laisser passer." "L'Etat, les agences scientifiques, les académies, les think tanks ont tous un rôle à jouer. Nous avons été trop timorés, effrayés à l’idée – fausse – de donner de l’importance aux fake news en les combattant. Ainsi, je n'ai guère entendu de voix s'élever quand certains désinformateurs ont commencé à dire que les vaccins anti-Covid provoquaient des cancers... Si on n’apporte pas de contradiction, ce sont les contre-vérités qui restent dans l’espace public. A l’heure de l’intelligence artificielle, des larges modèles de langage qui vont chercher partout des informations, nous avons impérativement besoin de saturer l’espace avec des données vérifiées."

Il en va de la survie de nos démocraties. "Ce qui fait l’essence même de la démocratie, c’est la qualité de la délibération, qui doit aboutir à une prise de décision collective fondée sur des arguments rationnels", estime Agnès Buzyn. Sur le plateau de franceinfo, ce mardi, l'ancienne ministre n'a pas hésité à pointer du doigt "les partis populistes, aux extrêmes", à savoir la France insoumise et le Rassemblement national, qui "ont un rapport à la vérité scientifique […] qui est très éloigné de la vérité des faits que nous devons porter".

Sa démarche a été saluée par plusieurs personnalités du monde de la santé sur les réseaux sociaux, notamment la président du Conseil de l'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes (Cnomk), Pascale Mathieu, qui s'est dit "prête à contribuer". Également ancien ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a annoncé qu'il fera partie du comité éditorial de l'institut. "Le combat pour les faits, la science et la raison est désormais un front majeur qui n’implique pas que les scientifiques. Merci à Agnès Buzyn d’avoir engagé cette initiative", a-t-il écrit sur X.

 

 

La première conférence de ce think tank aura lieu le 24 mars au musée Curie, et portera sur le thème "Péril sur la science, démocratie menacée", indique l'Express.

[avec L'Express et France info]

3 débatteurs en ligne3 en ligne
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