"J’ai cru que j’allais mourir" : Agnès Buzyn raconte le harcèlement dont elle a été victime à l’hôpital
L’ex-ministre de la Santé de 2017 à 2020 a relaté dans le documentaire "Des blouses pas si blanches", les violences sexuelles et sexistes dont elle a été victime. Une violence telle qu’elle a décidé de "s’extraire de [son] métier de médecin".
Interrogée dans le cadre du documentaire "Des blouses pas si blanches" sur les violences sexistes et sexuelles à l’hôpital, Agnès Buzyn a relaté son expérience personnelle, évoquant notamment le moment où, au début des années 2000, elle aspirait à devenir Professeure, "avec un 'e' dans ce monde d’hommes", soulignent les auteurs du reportage.
Elle raconte : "Je rentre dans la salle. Il y avait 32 membres. 32 hommes. C’était en 2003. J’avais 40 ans. C’est ce jour-là que j’ai réalisé l’anomalie. Je me suis dit : 'Comment se fait-il que, dans un groupement hospitalier qui comprend l’hôpital européen Georges-Pompidou, l’hôpital Necker, l’hôpital Cochin… Comment se fait-il que, pour une commission qui doit identifier les futurs cadres de l’hôpital [...] qu’ils n’aient trouvé que 32 hommes et aucune femme ?' Et là j’ai compris qu’il y avait un dysfonctionnement grave."
Son désir de devenir professeure avait fait réagir le président de la communauté médicale, qui avait prononcé ces mots, se souvient-elle : "'Agnès Buzyn est venue me voir dans mon bureau, pour me parler de sa candidature comme professeure. C’est drôle, à chaque fois que je la vois arriver dans mon bureau, je l’imagine avec un fouet et des bottes'. C’est incroyable, incroyable qu’on me renvoie à un fantasme sexuel", commente-t-elle aujourd’hui.
"J'étais vraiment pré-suicidaire"
Des attitudes qui n’ont pas cessé une fois qu’elle a obtenu le titre : "Du jour au lendemain, alors que je suis la même personne, que je prescris les mêmes choses, que je fais le même métier que deux jours avant, le fait d’avoir un titre tout d’un coup les rend fous furieux. Et tout d’un coup je sens une immense agressivité de mes collègues. Immense. En fait, j’ai ressenti que les hommes ne supportaient pas d’avoir une femme hiérarchiquement au-dessus d’eux", témoigne-t-elle.
Les auteurs du documentaire retracent qu’à l’hôpital, Agnès Buzyn était "devenue une cible". Que, pendant quatre ans, elle a fait l’objet d’un harcèlement. Harcèlement qui va "avoir raison de sa vocation". "J’ai cru que j’allais mourir, sincèrement. Ça a été d’une telle violence. De telles mises à l’écart. J’étais épuisée. Sincèrement, je pense que si je n’avais pas eu des enfants à cette période-là, j’étais vraiment pré-suicidaire. Ça devenait tellement fou que j’ai décidé de m’extraire de mon métier de médecin", livre-t-elle.
Les auteurs du documentaire rappellent que si ces faits concernant Agnès Buzyn remontent à il y a vingt ans, "aujourd’hui, rien ne semble avoir changé, et les statistiques le prouvent. Tout en haut de la hiérarchie, 70% des PU-PH sont toujours des hommes, alors même qu’aujourd’hui, plus d’un médecin sur deux est une femme".
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