“Madame le Professeur, peut-être faudrait-il dire ce qu’on sait, ce qu’on ne sait pas. Et peut-être expliquer à nos concitoyens comment on cherche” : voilà la mission confiée par le Premier ministre, Édouard Philippe lors de la conférence de presse organisée le 19 avril, à la Pr Florence Adler, infectiologue dans le service des maladies infectieuses à Lyon, connue pour être professeur pilote du programme Discovery.
“On progresse à la vitesse de l’éclair. On va très vite”, affirme-t-elle. Ainsi, la structure du virus, le génome, le récepteur d’attachement, les descriptions des formes cliniques, la chronologie de la maladie et les étapes de la réponse immunitaire sont connues. “Si on fait la somme de toutes ces connaissances qui ont été acquises, cela nous a pris moins de quatre mois pour apprendre tout cela. C’est absolument extraordinaire, parce que si on se projette dans ce qu’il a pu se passer dans l’épidémie VIH, on a mis plusieurs années à acquérir la somme de connaissance qu’on connaît actuellement déjà sur le coronavirus”, relève-t-elle.
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— Gouvernement (@gouvernementFR) April 19, 2020
Ce qu’il reste à apprendre
D’abord, la disparité hommes-femmes. “Pourquoi plus d’hommes sont infectés et pourquoi plus d’hommes sont hospitalisés”, pointe d’abord le Pr Adler. Une autre question : la gravité. “Il est très difficile actuellement d’anticiper des formes graves en comparaison aux patients qui développent des formes moins graves et ne nécessitent pas d’être hospitalisés ou ceux qui en hospitalisation, vont se dégrader.”
Il y a aussi l’impact du Covid-19 chez les enfants. “Les enfants sont relativement peu touchés, avec des formes peu symptomatiques ou peu importantes.” Autre question que beaucoup médecin se posent : la maladie est-elle immunisante ? “La maladie n’est, a priori, peut-être pas...
immunisante. Ça c’est une question à laquelle nous ne sommes pour l’instant pas capables de répondre.”
A partir de là, comment proposer des choses pendant la crise, questionne alors le Pr Adler ? “C’est un virus. Nous possédons des médicaments antiviraux. Un certain nombre d’entre eux - et pas que les médicaments antiviraux - ont une activité potentielle sur le virus et la question est donc de les tester.”
“Un certain nombre de travaux ont été menés in-vitro et un certain nombre de molécule ont été retenues, des molécules utilisées dans le VIH par exemple, une autre molécule qui a déjà été testée dans Ebola, poursuit-elle. Et puis on a testé...
d’autres drogues, qui n’étaient pas forcément des drogues et des médicaments utilisés dans le cadre des infections virales et notamment la chloroquine et l’hydroxychloroquine.”
“Nous allons devoir apprendre à vivre avec le virus”
Face à ces données, Édouard Philippe a donc fait le point sur la situation et sur certaines mesures en vue du déconfinement, prévu à partir du 11 mai. La contagion a ralenti mais n'a pas cessé : le nombre de personnes que peut contaminer un malade a chuté à 0,6 contre plus de 3 avant le confinement. Les hôpitaux voient encore arriver plusieurs centaines de nouveaux cas par jour, mais le solde de patients en réanimation continue à diminuer très lentement. En revanche, seuls 2 à 6 millions de personnes, soit moins de 10% de la population, ont été infectées, ce qui est bien trop peu pour revivre normalement a expliqué le chef du Gouvernement.
Le Gouvernement veut ainsi dépister, à partir du 11 mail, massivement tous ceux qui présentent des symptômes ainsi que tous ceux qui ont eu un contact "avéré" avec un malade. L'objectif est de 500.000 tests par semaine. En cas de test positif, avec ou sans symptôme, les "porteurs du virus" seront invités à rester isolés, soit dans leur famille - mais sans sortir, ni que leurs proches ne sortent - ou dans un hôtel mis à disposition. Des équipes dédiées seront chargées de détecter les malades, ainsi que l'application de traçage numérique Stop Covid envisagée. Là encore, pas de caractère obligatoire annoncé pour cette mesure.
Édouard Philippe l'a également martelé, le retour à la normale n'aura pas lieu "avant longtemps" car pour l'instant n'existent ni médicament ni vaccin. Non seulement le 11 mai ne marquera pas un déconfinement mais seulement le début d'une "nouvelle phase" mais "il va falloir apprendre à vivre avec le virus". Les Français, déconfinés, devront porter un masque “grand public”. Bientôt 17 millions seront produits par semaine et distribués. Comment ? C'est encore à préciser, mais ils seront, à terme, disponibles dans le commerce. Pour les soignants, le "pont aérien" d'importations chinoises a atteint 85 millions de masques cette semaine - soit deux semaines de consommation - ce qui reste trop peu, a reconnu Olivier Véran lors de ce point presse. Mais cela permettra de commencer à distribuer des masques aux professions paramédicales.
[avec AFP]
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