"Chacun devra prendre sa part" pour "freiner" les dépenses de santé : Geneviève Darrieussecq appelle à la responsabilité
Rejeté en commission des affaires sociales, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 est examiné en séance par les députés depuis ce lundi après-midi. Alors que plane au-dessus de ce texte l’ombre du 49.3, la ministre de la Santé et de l’Accès aux soins a dit vouloir "laisser la place à la concertation et au débat parlementaire". Mais les objectifs d’économies "devront être atteints".
"Je ne vais pas vous tenir un discours triomphaliste, a déclaré face aux députés la ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, Geneviève Darrieussecq, ce lundi à 16 heures. Chacun mesure ici la situation de nos finances publiques." Rejeté en commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale vendredi dernier, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 est arrivé ce lundi après-midi dans l’hémicycle. Assurant avoir entendu "les réserves" des députés vis-à-vis de ce texte, la ministre a néanmoins appelé à la "responsabilité" et à "la recherche exigeante d’un équilibre".
Car la situation est "inédite", a-t-elle souligné, le ton grave. "En 2024, le déficit de la Sécurité sociale dépassera de près de 8 milliards d’euros le niveau voté en LFSS initiale. En 2025, sans mesure nouvelle", il "atteindra 28 milliards d’euros, dont 18,7 milliards pour la branche maladie". Une trajectoire qui n’est "pas soutenable", a confirmé Geneviève Darrieussecq. "Nous devons agir collectivement pour remédier à cette situation. Il est de notre devoir de freiner la dépense publique et pour y parvenir, bien sûr, toutes les administrations publiques doivent prendre part à cet effort", a-t-elle affirmé au pupitre.
Ce PLFSS 2025 est, à ce titre, "une étape importante dans le retour progressif à l’équilibre de nos comptes sociaux", a estimé Geneviève Darrieussecq. Mais "il faudra que l’effort de rééquilibrage se poursuive sur plusieurs exercices", a-t-elle soutenu. "La pérennité et la préservation de notre modèle social hérité du Conseil national de la résistance sont aujourd’hui en jeu […] Nous devons donc trouver une ligne de crête pour faire des économies sans perdre de vue à aucun moment les attentes importantes des Français", a tellement solennellement appelé.
Pour la nouvelle locataire de l’avenue de Ségur, qui a pris ses fonctions fin septembre, ce texte budgétaire est "au rendez-vous". Il "permet de contenir le déficit de la Sécurité sociale à 16 milliards d’euros tout en finançant de nouvelles mesures", a-t-elle loué. "C’est à la fois un budget de progrès et un budget de responsabilité". L’objectif national des dépenses d'Assurance maladie (Ondam) 2025, fixé à 2,8%, doit permettre de financer "nos grandes priorités", a-t-elle ajouté : l’amélioration de l’organisation du système de santé, son financement, le renforcement des politiques en matière de psychiatrie et de santé mentale, l’attractivité des métiers du soin et l’accompagnement des innovations.
La convention médicale sera aussi "consolidée" avec notamment le passage à 30 euros du tarif de la consultation du généraliste dès décembre 2024. Développement des maisons de santé pluriprofessionnelles, soins palliatifs, prise en charge des troubles de la santé mentale, repérage précoce, meilleur accès aux médicaments et produits de santé dans un contexte d’accroissement des ruptures… Le budget de la Sécu pour 2025 devra répondre à l’ensemble de ces défis de taille. Sans oublier, "la défense de nos hôpitaux" qui "est une de nos priorités".
"Des efforts partagés"
Ce budget devra aussi se traduire par "une accentuation de la pertinence et de l’efficience des dépenses, mais aussi amener l’ensemble des acteurs à faire preuve de responsabilité face à la croissance de nos dépenses de santé : tous devront, en effet, participer à la maîtrise de la progression d’une partie de ces dépenses dans une logique de responsabilisation et d’efforts partagés", a appelé la ministre. Cela portera notamment sur "la co-construction d’accords tarifaires entre l’Assurance maladie et les professionnels de santé dans le domaine de l’imagerie et de la biologie, l’élaboration de l’efficience des transports des patients, l’élargissement du dispositif d’accompagnement de prescripteurs créé dans le précédent PLFSS afin de s’assurer de la pertinence des prescriptions, et la simplification du mode de calcul de la clause de sauvegarde pour le secteur des médicaments", a précisé Geneviève Darrieussecq.
Cinq milliards d’euros d’économies devront aussi être réalisés en 2025. "Chacun devra prendre sa part", a insisté la ministre face aux députés, peu nombreux dans l’hémicycle. L’exécutif envisage ainsi "des mesures de transfert vers les complémentaires santé à hauteur de 1,1 milliard d’euros" - via une hausse du ticket modérateur pour les consultations chez le médecin, ainsi que vers les entreprises, "avec la baisse du plafond de prise en charge des indemnités journalières financées par l’Assurance maladie". Un peu plus d’1 milliard d’euros devraient aussi être trouvés sur les produits de santé grâce à des "baisses de prix". Sans oublier des "mesures d’efficience" à l’hôpital et en ville ("600 millions d’euros" pour chaque).
"Nos objectifs […] devront être atteints", a prévenu Geneviève Darrieussecq. Le Gouvernement pourrait ainsi déclencher, comme pour le précédent PLFSS, l’article 49.3 de la Constitution pour faire valider son texte en cas de blocage. Toutefois, "je souhaite laisser la place à la concertation et au débat parlementaire", a assuré la ministre. "Nous devons trouver le bon équilibre et j’ai bien conscience que ce n’est pas simple […] Mais je suis convaincue que nous parviendrons à trouver collectivement un chemin juste et équilibré grâce au sens des responsabilités de chacun et aux enrichissements de ce texte par le débat parlementaire."
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