Congé menstruel : des hommes députés testent un simulateur de règles douloureuses
Deux députés écologistes ont proposé à des collègues de l'Assemblée nationale de tester un simulateur de règles douloureuses. Ces derniers ont déposé une proposition de loi visant à instaurer un congé menstruel, qui permettrait aux femmes de bénéficier de 13 jours d'arrêt maladie sans carence.
"Ah la vache !", "c'est douloureux", "ça fait super mal en fait"… Plusieurs députés de tous bords politiques ont accepté de tester un simulateur de règles douloureuses pour les besoins d'une vidéo de sensibilisation diffusée sur les réseaux sociaux. L'initiative était menée par deux députés écologistes, Marie-Charlotte Garin et Sébastien Peytavie, qui ont déposé une proposition de loi visant à instaurer en France un congé menstruel. Et elle n'est pas passée inaperçue puisque la vidéo a été vue plus de 2,7 millions de fois depuis le 22 mars.
On a fait tester un simulateur de règles douloureuses à des députés.
Leur constat est unanime. ↓ pic.twitter.com/QB8DLLVHd8— Sébastien Peytavie (@speytavie) March 22, 2024
La proposition de loi des écologistes compte ouvrir le droit "pour les personnes salariées ou agentes publiques atteintes de menstruations incapacitantes" à bénéficier "d’un arrêt de travail intégralement pris en charge par l’Assurance maladie, exempt de jours de carence, allant jusqu’à 13 jours ouvrés, posés consécutivement ou séparément, sur une durée d’un an et sans limite mensuelle".
Le texte vise également à permettre aux femmes qui souffrent de règles douloureuses d'avoir recours au télétravail. La PPL veut aussi intégrer la santé menstruelle et gynécologique comme "objet de négociation collective", "aussi bien dans le secteur privé que public", afin d'aménager poste et temps de travail. Elle défend également l'intégration de la santé menstruelle et gynécologique "dans les prérogatives d’action de la médecine du travail".
Premier rejet en commission
La proposition de loi était examinée ce mercredi 27 mars en commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale. L'article premier instaurant un congé menstruel a été rejeté. "La majorité et la droite rejettent une avancée nécessaire pour les femmes atteintes de règles douloureuses et incapacitantes", a dénoncé Sébastien Peytavie sur X. "Le vieux monde dans toute sa splendeur !", a également réagi Marie-Charlotte Garin.
Arrêt menstruel rejeté à l'Assemblée !
Les députés de la majorité rejettent l'arrêt de travail menstruel en commission des affaires sociales, comme le Sénat rétrograde il y a un mois. Contre l'avis de la majorité des salariées.
Le vieux monde dans toute sa splendeur ! pic.twitter.com/5EnDRmDBRX— Marie-Charlotte Garin (@MC_Garin) March 27, 2024
Franceinfo indique que le congé menstruel est vu par les membres de la majorité présidentielle comme un "sujet piégeux", ce qui explique ce rejet. "Si on vote contre, ça peut revenir en boomerang, aurait prévenu une ministre, il ne faudrait pas qu’on passe pour des arriérés."
Le coût du dispositif semble être le principal frein. D'après des estimations du Gouvernement, l'arrêt de travail menstruel pourrait coûter entre 600 millions d'euros et 1 milliard d'euros par an, si la moitié des femmes utilisent les 13 jours de congés. Du côté de Sébastien Peytavie, on table plutôt sur 100 millions. Car, "selon lui, seules les 10% de femmes les plus affectées y auraient recours", relève franceinfo.
Rien n'est encore joué puisque le texte doit être débattu dans l'hémicycle le 4 avril prochain.
[avec franceinfo]
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