Les opioïdes sont responsables d'une épidémie d'overdoses en Amérique du Nord depuis la fin des années 90. Scandale sanitaire majeur, cette "crise des opioïdes" a provoqué des dizaines de milliers de morts aux États-Unis, au Canada et en Australie. Le dernier numéro du Lancet apporte un éclairage nouveau sur les racines du mal, en pointant le rôle de la chirurgie à travers trois études. "Prescrire des opioïdes aux patients de chirurgie est un problème particulièrement difficile, qui demande aux praticiens de trouver un équilibre entre la gestion de la douleur aiguë et les risques d'un maintien de l'usage longtemps après l'opération", résume dans un communiqué du Lancet le Pr Paul Myles, spécialiste en anesthésie et gestion de la douleur à l'université Monash (Australie), qui a supervisé la série d'articles. D'après une étude américaine, portant sur 155 000 patients ayant subi un acte de chirurgie à risque modéré (canal carpien, arthroscopie du genou, cholécystectomie, hernie inguinale), la dose moyenne d'opioïdes prescrits a augmenté en moyenne de 13 % entre 2004 et 2012. Selon une étude néerlandaise de 2009, 77 % des patients opérés aux États-Unis pour une fracture de la hanche se voyaient prescrire des opioïdes en post-opératoire, contre… aucun aux Pays-Bas. Le taux de satisfaction était pourtant similaire entre les deux pays. Développer une approche globale Pour autant, il n'y a pas de solution miracle à la mépréscription d'opioïdes, précise Paul Myles. "Pour réduire le risque de mésusage, nous appelons à une approche globale destinée à réduire la prescription d'opioïdes, accentuer l'usage des alternatives médicamenteuses, réduire les surplus de médicaments, et former les patients et les praticiens sur les risques et les bénéfices des opioïdes." Il appelle à la mise à jour des recommandations cliniques et des politiques de santé publique américaines, afin d'offrir aux médecins des niveaux de prescription d'opioïdes par défaut ainsi qu'un plafond de dose. Il pointe également l'absence de recommandations sur la durée des traitements post-opératoires de la douleur, et recommande la généralisation de services spécialisés : les "transitional pain clinics". [Avec AFP et Eurekalert]
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