Hausse du ticket modérateur : "L'Etat nous dit que la consultation chez le médecin, c'est du confort"
Le projet du Gouvernement de relever le ticket modérateur sur les consultations des médecins est un "tsunami" pour MG France. "Cette mesure qui se présente comme une mesure d’économies est en fait un point de bascule d’un système solidaire vers un système assurantiel", a alerté le syndicat lors d’une conférence de presse, jeudi 17 octobre.
"Pierre Laroque [père fondateur de la Sécurité sociale] doit se retourner dans sa tombe." A l’occasion d’une conférence de presse, jeudi 17 octobre, la présidente de MG France, la Dre Agnès Giannotti, a fait part de sa vive inquiétude face au projet gouvernemental de relever le ticket modérateur sur les consultations des médecins et des sages-femmes. Une mesure que l’exécutif a intégrée au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, présenté il y a une semaine.
La part du remboursement de l'Assurance maladie sur les consultations de médecins et de sages-femmes pourrait ainsi passer l'an prochain de 70 à 60%. Cela permettrait, par un transfert de charges vers les complémentaires santé, d'économiser 1,1 milliard d'euros sur le budget de la Sécurité sociale, avance le Gouvernement, qui tente tant bien que mal de résorber son déficit (de 18 milliards d’euros en 2024). Alors que la consultation du généraliste doit passer à 30 euros fin décembre, les complémentaires ont, elles, d’ores et déjà prévenu qu'elles augmenteraient leurs tarifs en conséquence.
Pour la Dre Giannotti, cette hausse du ticket modérateur est "un tsunami". "Cette mesure qui se présente comme une mesure d’économies est en fait un point de bascule d’un système solidaire vers un système assurantiel, d’un système ‘à chacun selon ses besoins’ vers un système ultra libéral ‘à chacun selon ses moyens’", a-t-elle alerté. "En 2024, dans la même année, on a augmenté la franchise sur la consultation de 1 à 2 euros", et "diminué la part prise en charge par l’Assurance maladie" sur cette consultation.
"Aller voir le médecin est-il un luxe ?"
"Concrètement […] sur une consultation à 30 euros […], le reste à charge monterait à 14 euros", a-t-elle souligné, rappelant qu’avant même cette mesure "un Français sur quatre a renoncé à des soins ou à des équipements médicaux pour des raisons financières" et que "2,5 millions de personnes n’ont pas d’assurance complémentaire". "Comment seront-elles demain ?", a-t-elle lancé, le visage grave. MG France porte comme "revendication historique" la consultation du généraliste traitant remboursée à 100% par le régime obligatoire.
"Aller voir le médecin est-il un luxe ?", a demandé sa présidente. "Au cours des années précédentes, nous avons vu baisser le taux de remboursement de médicaments dits ‘de confort’. Là, l’Etat français nous dit : la consultation chez le médecin, c’est du confort. Nous entrons dans un système à l’Américaine où les gens très précaires seront pris en charge [via la CSS par exemple] et ceux qui sont juste au-dessus seront en grande difficulté…"
La Dre Giannotti a appelé solennellement la population à "se mobiliser", car ce sera elle "la principale victime". "Il est primordiale qu’elle se rende compte que ce glissement qui peut paraître minime est en fait une révolution dans la compréhension et le pilotage de notre système de soins." La mesure impactera aussi bien sûr les médecins , "sachant que celui qui paie décide, avec qui faudra-t-il négocier ? Avec la Cnam ou les organismes complémentaires […] dont la logique est la rentabilité financière ?"
A l’heure où quelques centaines de généralistes ont fait le choix de se déconventionner, au grand dam de l’Assurance maladie, la présidente de MG France voit un autre aspect "paradoxal" dans cette hausse du ticket modérateur. "Quelque part, l’Etat déconventionnerait d’un seul coup l’ensemble des médecins…"
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