"L’attitude des représentants des biologistes est inconsciente" : Braun condamne à son tour le boycott de Sidep
Après le ministre du budget, Gabriel Attal, et le directeur général de la Cnam, Thomas Fatôme, c’est au tour du ministre de la Santé, François Braun, de réagir vivement à la suspension de la transmission des résultats des tests Covid dans la base Sidep par les biologistes. Ceux-ci ont entamé leur mouvement de protestation hier pour dénoncer le "coup de rabot" du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, qui leur impose 1 milliard d'euros d'économies sous forme de baisses de tarifs d'ici à 2026, dont 250 millions dès 2023. "L’attitude des représentants des biologistes est inconséquente, inconsciente et inadmissible", a déclaré François Braun ce vendredi matin au micro d’Europe 1. "Je leur ai écrit pour leur dire", a-t-il précisé. "Ils prennent en otage l’ensemble de la population, ils nous rendent aveugles face à la gestion d’une épidémie qui tue encore. Donc j’espère qu’ils vont revenir à la raison et stopper ce genre de manœuvre […] alors que nous avions entamé des discussions, qui sont bien entendues arrêtées en ces circonstances."
.@FrcsBrauns s’exprime sur le pic de la nouvelle vague COVID et l’annonce de la fin des tests SI-DEP : « l’attitude des représentants des biologistes est inadmissible, ils prennent en otage la population » sur #Europe1 pic.twitter.com/ut3dLfFE24
— Europe 1 (@Europe1) October 28, 2022
A l’instar du ministre du Budget la veille, le ministre de la Santé a rappelé que tout le monde devait "faire un effort pour que notre système de santé, notre Sécurité sociale, puisse vivre", justifiant ainsi les 250 millions d’euros d’économies demandés au secteur dès 2023. "Je suis désolé de le dire, mais c’est un secteur qui a largement profité de la crise Covid" en passant de "900 millions de bénéfices en 2019 à 1.6 milliard en 2020 et à 3 milliards en 2021. Et ça, c’est l’argent de la Sécurité sociale je tiens à le préciser". "250 millions [d’euros] dans les circonstances actuelles des bénéfices faits par la biologie est un effort raisonnable", a-t-il conclu.
Dans un communiqué diffusé la veille, jeudi 27 octobre, en réaction au courrier envoyé par les ministres, l’Alliance de la biologie médicale (ABM) s’est défendue de prendre les Français "en otage". "Nous continuons les tests Covid en respectant les mêmes délais de délivrance des résultats. Simplement, en coupant la transmission des données Covid au Gouvernement nous travaillons gratuitement et nous le rendons en partie aveugle sur le suivi" de l’épidémie. "Pourquoi prendre le risque de désorganiser structurellement toute une filière qui est reconnue comme exemplaire pour régler une situation qui n’est que conjoncturelle ?" s’est interrogée, amère, l’ABM. "Une biologie au rabais serait désastreuse pour la santé publique et l’accès aux soins de nos concitoyens ! L’inquiétude du Gouvernement à la suite de l’arrêt de l’alimentation de Sidep en témoigne clairement", estime le réseau, qui affirme que la biologie "ne peut pas supporter à elle seule plus de 20% des économies demandées sur la Sécurité sociale alors qu’elle représente moins de 2% des dépenses de santé". Le secteur avait accepté de faire un effort sur l’année 2023, mais refuse que des baisses de tarifs sur les actes courants soient reconduites chaque année. "Nous étions prêts à travailler à une régulation tarifaire pour participer à la maîtrise des dépenses de santé. Nous le faisons d’ailleurs depuis 9 ans : la valeur globale des actes a baissé de 30% permettant à la Cnam de réaliser 5,2 milliards d’euros d’économie. Dans cette droite ligne, nous avons envoyé [jeudi matin] une contre-proposition à l’Assurance maladie. Cependant, si nous avons été reçus, nous n’avons jamais été entendus. Un dialogue n’est pas à sens unique", déplore l’ABM. "Les clés de sortie de ce conflit sont désormais entre les mains du Gouvernement et de l’Assurance maladie", prévient l’Alliance. [avec Europe 1]
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