La réaction du Gouvernement ne s’est pas fait attendre. A peine 24 heures après que les biologistes ont annoncé ne plus transmettre les résultats des tests Covid sur la plateforme Sidep, à compter d'aujourd'hui et "jusqu'à nouvel ordre", le ministre du Budget, Gabriel Attal, s’est indigné de cette décision. L'Alliance pour la biologie médicale (ABM) avait pris cette décision radicale face au "coup de rabot" du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, qui leur impose 1 milliard d'euros d'économies sous forme de baisses de tarifs d'ici à 2026 : 250 millions dès 2023.
Invité sur France info ce jeudi matin, l’ex porte-parole du Gouvernement a jugé ce boycott "inacceptable". "J'assume de leur demander un effort dans le budget de la Sécurité sociale de 250 millions d'euros en 2023", a déclaré le ministre, qui a précisé que le Gouvernement ne reviendrait pas sur cette mesure. Le budget de la Sécu version 49.3 comporte ainsi toujours l’alerte controversé. Le ministre justifie cette mesure par la rentabilité du secteur, passée "de 18 à 26%". "On a la chance d'avoir des biologistes médicaux très engagés dans notre pays et on a eu la chance de les avoir pendant la crise Covid, ils nous ont aidés à résister en réalisant énormément de tests. Ces tests leur ont permis d'augmenter leur chiffre d'affaires de 7 milliards d'euros", a tenu à rappeler Gabriel Attal. "Tout le monde fait des efforts […] dans des secteurs qui ont eu un certain nombre de bénéfices ces dernières années, à un moment il faut qu’il y ait une contribution qui soit apportée", a-t-il estimé, inflexible. Dans un communiqué, le directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance maladie, Thomas Fatôme, a dit soutenir les propos de Gabriel Attal. "Prendre en otage ainsi le suivi de l’épidémie du Covid-19 est inacceptable au regard du contexte sanitaire et des enjeux de santé publique", a-t-il déploré, lançant un appel à "l’esprit de responsabilité des biologistes sur les territoires". Soulignant l’implication des laboratoires de biologie médicale durant la crise, l’Assurance maladie estime qu’"il est aujourd’hui naturel que des efforts sur les tarifs soient demandés à ce secteur". "Après discussion avec le secteur, cette baisse pourrait être répartie entre les actes de biologie courants (à hauteur de 200M€) et les tests Covid (à hauteur de 50M€)", précise la Cnam, alors que dans l’article initial du PLFSS, les 250 millions d’euros d’économies ne concernaient que les actes courants. Les biologistes s’étaient montrés ouverts à une contribution exceptionnelle à hauteur de 250 millions d’euros mais sur la seule année 2023. L’ABM refuse cependant de "sabrer dans notre enveloppe de routine au motif de notre activité Covid, qui est exceptionnelle par nature". L’Assurance maladie ajoute de son côté ce jour que le "quantum des économies qui pourrait être appliqué les années suivantes [après 2023] n’a pas encore été discuté avec les représentants : il n’a ainsi donc pas été proposé par l’Assurance Maladie de faire 250 millions d’euros de baisses supplémentaires en 2024 et 2025". "Le Gouvernement a-t-il décidé de nous tuer" Chez les biologistes indépendants, "les leçons de morale de Monsieur le ministre Gabriel Attal ne passent pas". Ceux-ci vivent en effet ce "coup de rabot" comme une "double peine", ayant réalisé "deux fois moins de tests Covid que les groupes financiarisés". "Le Gouvernement a-t-il décidé de nous tuer ? A-t-il décidé d’accélérer la financiarisation de la biologie médicale ?" s’interroge le réseau, qui rassemble médecins et pharmaciens biologistes.
"C’est pour défendre notre exercice et amener le Gouvernement à dialoguer avec la profession que nous avons engagé les actions de blocage du SIDEP", justifient les biologistes indépendants qui envisagent "demain" de fermer leurs laboratoires et de se mettre en grève "si nous ne parvenons pas à un accord raisonnable". [avec AFP]
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