Les laboratoires Servier, dont le parquet a demandé fin mai le renvoi en correctionnelle, ont estimé mardi que le ministère public "minimise de manière caricaturale les fautes imputables à l'Agence du médicament" dans l'affaire du Mediator.
Le 24 mai, le parquet de Paris a demandé un procès pour le groupe Servier, des chefs de tromperie aggravée, escroquerie et blessures et homicides involontaires, estimant qu'il avait dissimulé le caractère anorexigène de son médicament et n'avait pas signalé les risques de complications cardiaques et pulmonaires qui lui étaient imputables. Le parquet a aussi requis le renvoi devant le tribunal correctionnel de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), mais uniquement pour "blessures et homicides involontaires". Ce réquisitoire "occulte à dessein des éléments essentiels découverts au cours de l'instruction (...) qui caractérisent des dysfonctionnements d'une particulière gravité" de la part des autorités de contrôle, a estimé Me François de Castro, l'un des avocats du groupe, dans un communiqué transmis à l'AFP, en dénonçant une instruction "exclusivement à charge" pour les laboratoires. Durant les six années d'enquête, Servier avait regretté que des documents qui avaient été évacués selon lui, par l'ANSM, notamment une note de 1999 pointant la nécessité d'alerter les patients sur un risque cardiaque imputable au Mediator, n'aient pas été exploités par les enquêteurs. Consommé pendant plus de 30 ans par cinq millions de personnes en France, le Mediator, un antidiabétique commercialisé en 1976 et largement utilisé comme coupe-faim, a été retiré du marché en 2009. Il pourrait être responsable sur le long terme de 1.500 à 2.100 décès, selon la dernière expertise judiciaire. [Avec l'AFP]
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